"Les gens disent que je suis fou car je danse la salsa. Ah mais si (Barack) Obama se met à danser, lui il n'est pas fou, il est génial", lance-t-il avant de faire tournoyer "Cilita la bonita" (la jolie), son épouse Cilia Flores.
"Haut les mains tous ceux qui dansent la salsa! Nous nous déclarons tous fous!", ajoute-t-il gaiement.
Mercredi, c'est là qu'il a fêté ses 54 ans au son d'un concert du célèbre groupe El Gran Combo de Puerto Rico. "Quelle surprise!", s'est-il exclamé en les voyant.
Sa bonne humeur tranche avec la morosité ambiante dans ce pays pétrolier qui a sombré avec la chute des cours du brut : chaque jour, les habitants patientent des heures pour s'approvisionner, angoissés par les pénuries frappant 80% des aliments et des médicaments.
Nicolas Maduro avait pris ses concitoyens par surprise en annonçant fin octobre qu'il présenterait désormais une émission quotidienne de deux heures consacrée à la salsa.
Il y raconte l'histoire de ce rythme caribéen entraînant, n'hésitant pas à donner de sa personne en se déhanchant, un poing brandi face à lui et l'autre levé.
Cette stratégie de communication fait grincer des dents ses adversaires.
"Il est ridicule. On se sent offensés", témoigne Euro Bermudez, 62 ans, qui sort de la banque où il vient de toucher sa pension de retraite.
"Il se moque du peuple : au lieu de dépenser de l'argent dans des émissions, il devrait apporter des médicaments".
Sur les réseaux sociaux, l'image du président dansant a été détournée, le montrant en pleine démonstration de salsa à côté d'une victime d'un meurtre ou d'une large file d'attente devant un magasin.
Pour Orlando Zacarias, chauffeur routier de 49 ans, l'initiative de Maduro permet au contraire de poursuivre la "révolution socialiste" : "Peu à peu, il touche chaque Vénézuélien pour lui transmettre son message".
'Indestructible'
Cette émission est "la voix de la vérité", clame Nicolas Maduro, qui n'a de cesse de dénoncer une campagne de dénigrement par les médias nationaux et étrangers.
"C'est une révolution en termes de communication", a-t-il souligné, ajoutant qu'il se ferait plus présent dans les médias et réseaux sociaux, invitant même le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, à venir le voir au Venezuela.
Le chef de l'Etat anime déjà chaque dimanche son programme "En contact avec Maduro" pendant quatre heures, fidèle à son mentor politique, l'ex-président défunt Hugo Chavez (1999-2013), qui accaparait lui aussi les écrans avec son émission "Allo président".
Avec "L'heure de la salsa", retransmise à la radio et sur internet, via Facebook et Periscope, Maduro, ex-chauffeur de bus qui a toujours aimé chanter lors des meetings, parle tout autant des légendes de cette musique comme des hausses de salaires ou des conflits avec l'opposition.
En choisissant ce rythme populaire, le président espère reconquérir l'électorat modeste qui lui avait fait payer la crise économique en votant majoritairement pour l'opposition lors des élections législatives fin 2015, estime le psychologue social Ricardo Sucre.
Il réaffirme aussi qu'il restera jusqu'au bout de son mandat en janvier 2019, même si ses adversaires réclament son départ anticipé.
"Il veut se montrer sûr et détendu, non comme si son gouvernement allait tomber", commente M. Sucre qui rappelle que "Chavez l'avait choisi comme successeur car il peut surmonter les difficultés sans qu'on le sente nerveux".
Même si les neveux de son épouse viennent d'être jugés coupables de trafic de drogue aux Etats-Unis, Maduro n'a pas semblé affecté dans l'émission qui a suivi.
"Tu continues de danser maintenant?" s'est moqué le leader d'opposition Henrique Capriles. "Le pays attend que tu affrontes la situation".
D'un sourire, Maduro répond en musique à ses opposants, comme au chef du Parlement Henry Ramos Allup, pour qui il fait passer cet air de Roberto Roena : "Toi tu es fou, fou, et moi je suis serein".
Sa chanson de générique, de Ray Barretto, résonne elle comme un défi : "Indestructible".
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