Pressée de questions par le président de la cour d'assises du Puy-de-Dôme, mercredi soir, Cécile Bourgeon avait avoué avoir menti sur les coups que Berkane Makhlouf aurait portés au thorax de la fillette avant le drame.
Mais à la reprise des débats, jeudi matin, l'accusée assure vouloir "garder le silence jusqu'à la fin du procès". "J'estime que lorsque je parle, mes paroles sont déformées et le public réagit. Maintenant, je souhaite me taire", déclare-t-elle d'une voix ferme.
C'est pourtant là, curieusement, qu'elle se met à parler comme jamais depuis le début de l'audience. Détaillant la naissance de ses enfants, les "beaux yeux" de Fiona.
Interrogée par Me Marie Grimaud, avocate de l'association "Innocence en danger", elle reconnaît une nouvelle fois, à demi-mots, les coups portés à la fillette. "C'est arrivé le mardi et le mercredi. On lui a mis le bandeau. Elle avait un bleu. Jeudi, vendredi, ça allait mieux et le samedi après…"
L'avocate: "c'est reparti de plus fort ?". Silence. "J'ai l'impression de pas lui avoir dit +je t'aime+, de ne pas l'avoir assez serrée dans mes bras", finit par répondre la mère de Fiona, avant de reprocher à son ex-concubin sa violence envers elle et ses deux filles.
'Toujours au même point'
La réponse fuse: "Arrête Cécile, tu vois bien que c'est grave ce que tu racontes ! On est en cour d'assises", lance Berkane Makhlouf. "Quand j'ai menti, je le reconnais. Les bleus, c'est en vélo qu'elle est tombée ?", rétorque son ancienne compagne.
Lui: "Sois sincère. Tu dis m'avoir vu mettre des coups à Fiona, un coup tu dis que tu m'as vu, un coup tu m'as pas vu. Elle est où la vérité là-dedans ?" Elle: "Je te la demande à toi aussi".
L'échange est vif et va durer près de deux heures. Les reproches fusent comme s'il n'y avait qu'eux, dans l'intimité du huis clos familial. La salle reste suspendue à leurs lèvres. Berkane Makhlouf lâche prise à son tour et éclate en sanglots.
"Je ne suis pas un bourreau d'enfants, faut arrêter ! Sérieux, c'est dur la mort de Fiona, ça a été terrible quand on a l'a retrouvée comme ça, c'était un cauchemar, un cauchemar. On s'est jamais dit +on va tuer Fiona, on va l'enterrer+. On l'a pas fait avec sang-froid. On n'est pas des assassins", s'écrie-t-il.
"On a pensé aux enfants, on ne voulait pas les perdre, être séparés. C'était égoïste. On a pensé à nous, on n'a pas appelé les pompiers (...) Dans la salle de bains, je faisais des allers-retours, je me tenais la tête, j'arrivais pas à y croire. Cécile, elle, était calme, elle était sereine", gémit-il.
Dans le flot des paroles, des détails affleurent sur le sort de Fiona. "Elle était désarticulée. Je l'avais dans les bras, elle avait la tête penchée (...) Je l'ai portée tout seul, Cécile ouvrait le sac".
Mais toujours rien sur le lieu où se trouve le corps de la fillette, au grand regret des parties civiles. "On a cru vivre ce matin un moment de vérité qui s'est évaporé très vite. Madame Bourgeon s'est soulagée mais on en est toujours au même point", a estimé Me Yves Crespin, qui représente deux associations, dans sa plaidoirie.
Couple "pathologique" et "mortifère" qui fonctionne "en miroir", couple explosif "comme la nitroglycérine", Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf ont noué un "pacte de non-agression", selon Me Rodophe Costantino, avocat d'Enfance et Partage, qui a demandé aux jurés de "glisser un voile de vérité judiciaire pour servir de linceul au corps de cette fillette, laissée nue".
Le verdict est attendu vendredi ou, au plus tard, samedi matin.
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