Le président Juan Manuel Santos et le chef de la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), Rodrigo Londoño, ont signé la paix sous les applaudissements, avec des "boligraphes", stylos fabriqués à partir de balles du conflit.
"La paix va nous rendre l'espérance, la foi en l'avenir et la possibilité d'une vie meilleure pour nous et nos enfants", a déclaré M. Santos lors de la brève cérémonie de signature, organisée au théâtre Colon de Bogota.
Le chef des Farc, plus connu sous ses noms de guerre de Timoleon Jimenez ou Timochenko, a assuré qu'avec cet accord "nous mettons fin de manière définitive à la guerre pour confronter les contradictions de manière civilisée".
Le texte a été finalisé le 12 novembre après six semaines de renégociations pour intégrer certaines critiques de l'opposition sur la mouture d'origine, signée le 26 septembre, mais que les électeurs ont rejeté le 2 octobre.
Une 'immense opportunité'
"Le nouvel accord est une immense opportunité pour nous les Colombiens qui parient sur un pays réconcilié", a déclaré à l'AFP Consuelo Gonzalez de Perdomo, ex-parlementaire séquestrée pendant sept ans par les Farc et invitée à la signature.
La cérémonie a été retransmise sur un écran géant sur l'emblématique place Bolivar.
"S'il faut ajuster encore le nouvel accord, qu'ils le fassent au Congrès. Que la paix ne soit pas retardée! La paix appartient aux Colombiens", estimait Jaime Garcia, cordonnier de 59 ans qui brandissait le drapeau national.
Au théâtre, seuls étaient invités des victimes de la guerre, d'anciens présidents colombiens, des magistrats et des associatifs. Le conflit fratricide, qui déchire la Colombie depuis les années 60, a fait plus de 260.000 morts, 60.000 disparus et 6,9 millions de déplacés.
L'accord, présenté au Congrès dans la foulée de la signature, devrait être débattu à partir de mardi. Il prévoit notamment désormais un inventaire des biens des Farc pour dédommager les victimes. Le Congrès devra ensuite le ratifier, avant de légiférer sur sa mise en application.
La ratification par le Congrès a été critiquée notamment par le parti de droite d'Alvaro Uribe, prédécesseur de M. Santos et actuel sénateur, qui a estimé que l'exécutif "ne (tenait) pas compte du triomphe du +non+" au référendum.
Spectre castro-chaviste
Faute d'explications suffisantes du contenu des 297 pages de l'accord face à la mobilisation des uribistes, le scrutin avait été marqué par une abstention record de plus de 62% et le "non" l'avait emporté, mais avec à peine plus de 50.000 voix d'avance.
Les uribistes, qui agitent le spectre d'un futur régime castro-chaviste inspiré de Cuba et du Venezuela, continuent à protester, dénoncent la future participation à la vie politique de guérilleros responsables de crimes graves qui seront, selon eux, insuffisamment sanctionnés.
L'opposition a fait de l'accord avec les Farc un enjeu électoral. "Avec la proximité de l'élection présidentielle de 2018, il était très difficile que l'opposition s'embarque dans un grand pacte national", selon la politologue Angelika Rettberg.
La signature de l'accord marque le début du rassemblement des guérilleros dans des zones sous contrôle de l'ONU, qui va superviser leur désarmement, sur six mois, et leur réintégration à la vie civile.
Suite à la mort de deux rebelles dans des combats présumés avec l'armée et l'assassinat de plusieurs leaders communautaires, gouvernement comme guérilla ont souligné la fragilité du cessez-le-feu en vigueur depuis fin août. "Il n'y a pas de temps à perdre", a lancé M. Santos.
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