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Rouen. Burn-out, un mal qui s'écrit surtout au féminin

Elles aiment leur travail, ont une belle carrière mais se sont un jour effondrées. Comme beaucoup de femmes (certaines études montrent que le burn-out toucherait jusqu'à deux fois plus de femmes que d'hommes) elles ont été victimes de burn-out et ont choisi d'en témoigner.

Rouen. Burn-out, un mal qui s'écrit surtout au féminin
En France, 21% des femmes se sentent "émotionnellement vidées par leur travail" contre 11% chez les hommes. (Source : Technologia - 2015) - DR

Alors qu'elle vient de décrocher un CDI dans l'association où elle travaille, Sylviane craque. Ce poste, elle en rêve depuis plus de deux ans. Pourtant, "j'ai complètement pété un câble lors d'une réunion" raconte-t-elle. On m'avait demandé de réfléchir à une réorganisation du service, et là mon directeur m'ordonne d'arrêter de prendre des initiatives". Après une violente dispute, elle rentre chez elle et s'endort. "Je me suis réveillée brutalement, les mains toutes crispées. Je faisais un cauchemar dans lequel j'étranglais mon directeur".

Le déni avant l'effondrement

Alors qu'elle confie à ce moment avoir "pensé au suicide", elle retourne travailler. "J'avais peur de prendre du retard" raconte-t-elle. "Les gens souffrant d'un burn-out passent par une phase de déni, explique Sylvaine Grémont, psychologue spécialisée dans la souffrance au travail. Ils sont à fond et se disent "je vais y arriver" jusqu'à ce qu'un événement déclencheur survienne et qu'ils s'effondrent".

Pour Sylviane, c'est le corps qui a craqué. "Un matin, en mettant mes chaussures pour aller au boulot, je me suis complètement bloqué le dos". Suivent alors de longs mois de récupération, qui lui permettent de prendre du recul.

Travail et maison: le double emploi pour les femmes

Comme elle, les femmes seraient deux fois plus nombreuses à souffrir de burn-out que les hommes. "Souvent, les femmes font une double journée, détaille Sylvaine Grémont. "Alors qu'un homme peut facilement couper en quittant le travail, elles doivent s'installer dans les travaux domestiques, s'occuper des enfants. Tout cela rajoute de la fatigue." 

Le burn-out n'épargne donc pas les femmes au foyer. Une souffrance plus difficilement avouable pour une mère qui "oublie d'aller chercher les enfants à l'école, laisse partir la gifle plus vite, ou passe la journée à pleurer devant la télé pendant qu'ils sont à l'école" détaille Sylvaine Grémont. Dans ce cas, impossible de prendre un congé maladie, alors qu'une coupure de "six mois au moins est nécessaire". Elle insiste pour que les mamans passent du temps en maison de repos et fassent appel à la famille ou une aide à domicile pour souffler.

Sexisme au travail

Catherine, infirmière au bloc opératoire pendant 30 ans, a elle aussi fait un burn-out. Elle évoque "un milieu particulier, en vase clos. "Les chirurgiens peuvent être des gens très triviaux. Les hommes sont protégés mais nous on est toujours les pauvres gourdes". Au fil des ans, elle a le sentiment d'être "devenue un cadre dans un planning. Et il y avait toujours quelque chose qui n'allait pas. Cela paraît anodin au début, mais la nuit je rêvais que je n'arrivais plus à ouvrir les portes du bloc ni à trouver mon matériel, que je perdais les patients".

La parole plus libérée chez les femmes

Plus que les chiffres, Sylvaine Grémont souligne la différence dans le vécu du burn-out. "Les hommes le vivent avec plus de honte, notre culture latine veut qu'ils paraissent virils. Ils attendent beaucoup avant de s'exprimer alors les femmes le font plus facilement et s'en remettre donc plus vite." 

Catherine, maman de deux enfants, souligne elle comment sa famille a été son soutien. "Je me suis rendu compte que je n'allais pas bien dans le regard de mes filles. Elles m'ont vu pleurer sans discontinuer pendant six mois alors que ça ne m'arrivait jamais avant. Je leur ai fait peur".

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