Dans cette affaire Bygmalion, moins retentissante que celle des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, il est reproché aux prévenus, Patrick de Carolis, ex-patron de France Télévisions, Camille Pascal, ex-secrétaire général et Bastien Millot, ancien dirigeant de Bygmalion et ex-directeur de la communication du groupe audiovisuel, d'avoir signé en 2008 et 2009 de juteux contrats au mépris des règles encadrant la commande publique.
Entre 2009 et 2013, Bygmalion a facturé au groupe public près d'1,5 million d'euros pour de la veille internet, un traitement du courrier des téléspectateurs, la rédaction de discours ou encore des conseils stratégiques.
Des prestations pour lesquelles France Télévisions n'a pas procédé à une "mise en concurrence".
L'accusation soupçonne Patrick de Carolis d'avoir favorisé Bastien Millot qui l'avait aidé pour son audition de candidat devant le CSA et avec lequel il retravaillera pendant six mois, comme prestataire pour Bygmalion, après son départ de la présidence du groupe audiovisuel en 2010.
Embauché le 1er septembre 2005 comme "directeur délégué à la communication" auprès du patron de France télévision, M. Millot avait pris un congés sabbatique le 1er novembre 2008 pour co-fonder Bygmalion. Il avait quitté définitivement France télévision le 1er octobre 2009 pour se consacrer à l'entreprise de communication.
Or, les premières prestations facturées par Bygmalion, tout juste créée, à France télévision datent de novembre et décembre 2008: 120.000 euros sur deux mois pour répondre aux courriers des téléspectateurs au président et effectuer une veille internet sur sa "e-réputation".
'pas de souvenir de ce contrat'
Sur l'une des factures, la présidente du tribunal Bénédicte de Perthuis relève une curieuse référence: "facturation mensuelle selon contrat signé le 31 octobre 2008, bon à payer". Or, à cette date, Bastien Millot avait encore une double casquette: directeur de la communication du groupe en congés sabbatique et co-dirigeant de Bygmalion, bénéficiaire des contrats. "En tant que directeur de la communication, vous avez donc signé un accord avec vous-même", résume la magistrate.
Dans le dossier judiciaire n'apparaissent que des contrats datés de fin décembre 2009, soit après le départ définitif de Bastien Millot de France télévision. Cette année là, 431.110 euros de prestations seront facturées par Bygmalion à France Télévisions qui fera 20% de son chiffre d'affaires avec le groupe public.
Interrogés sur le premier contrat fantôme, les prévenus disent ne pas s'en rappeler.
"Je n'en ai pas souvenir. Je n'ai pas explication à ce sujet", assure Bastien Millot.
"Si j'ai signé les factures, c'est parce qu'elles correspondaient à de réelles prestations. Peut-être ai-je eu tort de ne pas demander à voir ce contrat", concède Camille Pascale qui renvoie la responsabilité du document sur Damien Cuier, autre proche de Bastien Millot, alors directeur général délégué aux finances de France Télévisions.
"Cette question de contrats était du ressort des directeurs généraux", se dédouane aussi Patrick de Carolis qui assure ne pas être à l'origine du retour de Bastien Millot à France Télévisions comme prestataire de service. "Ce n'est pas moi qui ait demandé au secrétaire général de travailler avec Bygmalion", affirme-t-il, sans convaincre la présidente.
"C'est pourtant une simple question de vraisemblance", lui rétorque la magistrate en rappelant la proximité des deux hommes. "Et vous trouvez normal de nous dire que le président de France Télévision ne choisit pas lui-même son conseiller en stratégie?"
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