"Nicolas Sarkozy, la retraite à 62 ans": Libération s'amuse de "la chute" de l'ancien président. Deux ans après son retour, son élimination sans appel (20,6%) au premier tour de la primaire acte son retrait de la vie politique. M. Sarkozy a immédiatement annoncé qu'il voterait pour François Fillon, laissant ses électeurs "libres" de leur choix mais en les exhortant à "ne jamais emprunter la voie des extrêmes".
Avec plus de 44% des suffrages, M. Fillon est l'éclatant vainqueur du premier tour. Longtemps distancé dans les sondages, auteur d'une fulgurante remontée dans les deux dernières semaines, l'ancien Premier ministre est arrivé en tête dans 87 départements. Outre celui de M. Sarkozy, auquel il a rendu hommage, le député de Paris a également enregistré le ralliement d'un autre naufragé du scrutin, Bruno Le Maire (2,4%). Les deux derniers du premier tour, Jean-Frédéric Poisson (1,5%) et Jean-François Copé (0,3%), ne se sont pas encore prononcés.
M. Fillon sera l'invité de TF1 lundi soir. Vendredi, son équipe planchait sur le scénario de deux meetings d'entre-deux tours, dont un à Paris.
Le Sarthois devance très largement Alain Juppé (28,6%). "J'ai décidé de continuer le combat", a-t-il lancé dimanche soir alors que des rumeurs d'un retrait circulaient, au grand dam de ses principaux soutiens, en début de soirée. M. Juppé a enregistré le ralliement de Nathalie Kosciusko-Morizet (2,6%). Il sera l'invité de France 2 lundi soir. Deux réunions publiques sont déjà programmées mardi à Toulouse et vendredi à Nancy.
'Combat projet contre projet'
Le maire de Bordeaux a promis un "combat projet contre projet" avec François Fillon, dont il a tardivement attaqué le programme en fin de campagne. Les deux hommes en découdront directement jeudi soir lors d'un ultime débat télévisé.
Les soutiens juppéistes commencent déjà à décocher leurs flèches. "Je suis frappé par les incohérences du projet économique de François Fillon, inquiet de ses orientations diplomatiques. Sa proximité avec Poutine est contraire aux intérêts de la France et à ceux des chrétiens d'Orient", a par exemple lâché le député Hervé Mariton.
Autre angle d'attaque à prévoir: le très ambitieux programme économique de M. Fillon et son objectif revendiqué de supprimer 500.000 postes de fonctionnaires au cours du prochain quinquennat. "Le programme le moins crédible", cinglait dès la semaine dernière le maire de Bordeaux.
Le programme de M. Fillon, "les Français ne le connaissent pas". "Il a pris 30 points en quinze jours (...), en une semaine on peut reprendre les quinze points en question", a assuré le député Benoist Apparu. Le camp Juppé compte bien batailler contre un projet "très conservateur" aussi au niveau sociétal.
Un sondage Opinionway diffusé dimanche soir donnait M. Fillon vainqueur à 54% face à M. Juppé (46%) en cas de duel au second tour.
En attendant les résultats définitifs qui seront connus lundi en fin de matinée, la première primaire ouverte de l'histoire de la droite française est déjà un succès de participation. Près de 4 millions de votants ont pris part à la consultation, selon les chiffres de la Haute autorité portant sur 9.497 des 10.229 bureaux de vote. En 2011, le premier tour de la primaire socialiste avait réuni, 2,66 millions de participants.
Selon le même institut, 63% des votants sont des sympathisants de la droite et du centre, contre 15% de sympathisants de gauche, 14% affirmant n'avoir aucune sympathie particulière et 8% de sympathisants du Front national.
La gauche et le FN, justement, ont commencé à réorienter leurs attaques vers M. Fillon. Le secrétaire d'Etat Jean-Marie Le Guen voit en lui le tenant d'une "thatchérisation de la droite". Pour le FN, le directeur de campagne de Marine Le Pen David Rachline a brocardé un "programme économique délirant". Avec Mme Le Pen, "le débat sera clair et net", a renchéri Florian Philippot, numéro 2 du FN.
La gauche pourrait en effet être éliminée dès le premier tour de la présidentielle en avril 2017, laissant place à un duel au second tour entre le champion de la droite et la présidente du FN, Marine Le Pen.
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