Prévu sur deux semaines, le procès qui se tiendra exceptionnellement dans la salle d'assises en raison du nombre de prévenus, d'avocats et de journalistes, doit commencer à 8H30 sous la présidence de Georges Leroux. Le ministère public sera représenté par le substitut général Bertrand Baboulenne.
En première instance en juillet 2015, le tribunal correctionnel de Montpellier avait reconnu coupables 16 prévenus, poursuivis pour escroquerie ou complicité d'escroquerie, et leur avait infligé des amendes allant de 1.500 à 30.000 euros. Aucune peine de prison n'avait en revanche été prononcée, contrairement aux réquisitions.
Le coeur de l'affaire porte sur des paris passés à hauteur de plus de 100.000 euros et à la cote de 2,9 contre 1 sur le résultat à la mi-temps d'un match disputé et perdu en mai 2012 par le club mené par Nikola Karabatic, Montpellier, face au club de Cesson. Montpellier était alors déjà sacré champion de France, tandis que Cesson tentait d'éviter la relégation en division inférieure.
Les prévenus sont accusés d'avoir "trompé la société Française des Jeux" (FDJ) pour "la déterminer à remettre une somme totale de l'ordre de 300.000 euros aux gagnants".
La Française des Jeux, la Ligue nationale de handball, Montpellier Handball, Montpellier Agglomération Handball et la Fédération française de handball sont parties civiles. Les prévenus encourent cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende ainsi que l'interdiction pendant cinq ans d'exercer l'activité professionnelle ayant permis l'infraction.
Nikola Karabatic est notamment accusé d'avoir fait miser par sa compagne la somme de 1.500 euros sur la défaite de Montpellier à la mi-temps.
Son frère Luka avait été condamné à 15.000 euros d'amende et leurs compagnes Géraldine Pillet et Jennifer Priez, dont la désinvolture, voire l'insolence, avaient fortement agacé le tribunal, à 10.000 euros d'amende, chacune. En appel, les deux couples seront cette fois défendus par Me Philippe Nemausat et Me Jean-Marc Darrigade.
Considérés comme les pivots de cette affaire, le joueur serbe Mladen Bojinovic et le buraliste Nicolas Gilet avaient été condamnés aux amendes les plus élevées en première instance, soit 30.000 euros.
'On a voulu faire tomber Nikola'
Nikola Karabatic et deux autres joueurs, le Slovène Dragan Gagic et le Tunisien Issam Tej, ont toujours nié avoir parié. Leurs co-prévenus ont reconnu en revanche l'avoir fait sur des "critères sportifs" pour "faire un peu de fric", sans volonté, ont-ils assuré, de truquer la rencontre.
"On a voulu faire tomber Nikola" Karabatic", avait dénoncé la défense en première instance. Et son frère et sa compagne n'avaient eu de cesse de disculper le double champion olympique et triple champion du monde et d'Europe.
Mais ces tentatives n'avaient pas convaincu le tribunal, qui n'avait pas cru non plus à sa version d'un retrait d'argent de 1.500 euros - la somme exacte misée par sa compagne - pour payer des vacances.
En France, l'affaire avait profondément affectée l'image de Nikola Karabatic, comparable à ce que Zinedine Zidane ou Tony Parker sont au football et au basket.
Agé de 32 ans, le joueur, de père croate et de mère serbe, arrivé en France à l'âge de quatre ans, et passé par le centre de formation de Montpellier, a été désigné à deux reprises, en 2007 et 2014, meilleur joueur de la planète.
La tourmente suscitée par les soupçons de match truqué avait poussé en 2012 les frères Karabatic à quitter Montpellier pour le club français moins renommé d'Aix-en-Provence. Après un passage de Nikola Karabatic au prestigieux FC Barcelone, les deux frères jouent ensemble au Paris SG depuis juillet 2015.
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