Des dizaines d'adultes et d'adolescents attendent devant la mosquée de Karkoukli non pas pour prier mais pour livrer aux forces de la police fédérale et du contre-terrorisme (CTS) des informations sur les anciens maîtres de ce secteur de l'est de Mossoul.
Cartes d'identité et téléphone portable en mains, alignés sagement en file indienne, ils attendent avec une certaine appréhension de rentrer dans la mosquée.
"Stop, arrêtez-vous là où vous êtes", crie un policier tout en fouillant nerveusement les premières personnes afin de s'assurer qu'elles ne portent ni arme ni ceinture explosive.
Pour prouver qu'il n'a rien autour de sa taille, un habitant est forcé de baisser son pantalon. Il se tient debout, les bras écartés, la cigarette toujours pendue à ses lèvres.
Une trentaine d'hommes sont admis dans le lieu de culte, les autres devant patienter dehors.
A l'intérieur, ils confient leur carte d'identité et téléphone portable à trois officiers plongés dans leur ordinateur portable.
Les responsables comparent les noms à une liste de jihadistes présumés et vérifient les messages dans leur téléphone, à la recherche d'informations potentiellement compromettantes.
"S'ils n'ont pas d'historique terroriste, ils pourront rentrer chez eux", affirme à l'AFP le commandant Alaa Abdel Omran, des renseignements des CTS.
La plupart des hommes sont vite relâchés, encouragés par les officiers à dire aux journalistes que l'interrogatoire s'est déroulé dans de bonnes conditions.
Mais l'un d'eux est escorté par des policiers à l'extérieur de la mosquée, le visage couvert et portant une veste des CTS par dessus ses habits. Il est supposé les conduire vers la maison d'un responsable jihadiste local.
Echanges par SMS
Selon les forces irakiennes, les informateurs locaux sont d'une importance cruciale pour leur progression à Mossoul, surtout dans les quartiers densément peuplés.
"Ils nous envoient des messages par téléphone sur le nombre de combattants de Daech dans une certaine position, sur l'endroit où ils ont déposés des voitures piégées ou placé leurs tireurs embusqués", indique à l'AFP un commandant des CTS Hazem al-Bahadli, utilisant un acronyme en arabe de l'EI.
Selon lui, il peut maintenant compter sur au mois trois ou quatre sources locales dans chaque quartier.
Le commandant montre aux journalistes de l'AFP un message mettant en garde contre des "combattants tchétchènes" postés en tireurs embusqués dans des immeubles.
Hazem al-Bahadli reçoit aussi les numéros de téléphone d'informateurs potentiels, envoyés par des proches ou des voisins qui ont fui la ville ou par des habitants de quartiers récemment pris ayant des amis dans des districts encore aux mains des jihadistes.
"Ces informations signifient que nous ne marchons pas aveuglément dans les quartiers, nous savons exactement où se trouve l'ennemi", dit-il.
Et quand ses forces s'emparent d'un secteur, il rencontre souvent les informateurs avec qui il avait jusqu'alors uniquement échangé par SMS.
"Mon travail, alors, c'est de les aider comme ils m'ont aidé", explique-t-il.
Mais le risque est grand pour ces informateurs. S'ils sont surpris par les jihadistes, ils le payent avec leur vie, selon Hussameddine al-Abbar, un membre du conseil de la province de Ninive.
"L'EI a exécuté près de 60 personnes il y a plusieurs jours et suspendu leur corps à des poteaux électriques dans l'ouest de la ville", dit-il à l'AFP. "Les jihadistes les accusaient d'avoir collaboré avec les forces de sécurité".
A LIRE AUSSI.
Les forces irakiennes très proches de la périphérie de Mossoul
Les forces irakiennes très proches de la périphérie de Mossoul
Les forces irakiennes sont entrées dans Mossoul
Les forces irakiennes sont entrées dans Mossoul
Irak: les forces d'élite de l'armée sont entrées dans Mossoul
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.