"Le message de la COP au nouveau président américain est tout simplement de dire +nous comptons sur votre pragmatisme et votre esprit d'engagement+", a déclaré Salaheddine Mezouar, le président de la COP22.
"La communauté internationale est engagée sur un grand combat pour l'avenir de notre planète (...) pour la dignité de millions et de millions de personnes" et "nous continuons à tracer notre cap", a poursuivi devant la presse M. Mezouar, ministre marocain des Affaires étrangères.
"Nous nous sommes tournés vers l'Amérique dans les jours sombres de la Seconde guerre mondiale", a déclaré en séance plénière le Premier ministre fidjien, Frank Bainimarama. Avant de lancer à M. Trump: "Vous êtes alors venus nous sauver, il est temps pour vous de contribuer à nous sauver aujourd'hui".
Avant la Pologne en 2018, les Fidji organiseront fin 2017 la COP23, mais elle se tiendra à Bonn (Allemagne) pour des raisons logistiques.
Le Fidjien a demandé à Donald Trump de réviser "sa position actuelle selon laquelle le changement climatique (...) serait un +canular+".
L'an dernier, à Paris, après des années de négociations, les pays se sont fixé comme objectif de contenir la hausse du thermomètre mondial "bien en dessous de 2°C" et de revoir à la hausse leurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), actuellement insuffisants pour respecter cette limite.
Le résultat de l'élection américaine, deux jours après le début de cette COP, avait plongé négociateurs et représentants de la société civile dans la sidération.
Attentisme et volonté sans faille d'aller de l'avant ont ensuite pris le dessus.
L'un après l'autre, les pays, y compris la Chine (premier pollueur mondial avec 25% des émissions mondiales) et l'Arabie saoudite, ont assuré qu'ils respecteraient l'accord de Paris.
"La volonté de la Chine de travailler avec les autres pays demeure", a assuré le négociateur chinois Xie Zhenhua.
Une "proclamation de Marrakech", adoptée jeudi par consensus, indique: "Nous, chefs d'Etat, de gouvernement, et délégations réunis à Marrakech (...) appelons à l'engagement politique maximal pour lutter contre le changement climatique".
Les Etats-Unis (2e émetteur de gaz à effet de serre avec 15%), sous l'impulsion du président Barack Obama, ont largement contribué à ce qu'un accord soit trouvé entre 195 pays.
- Un nouveau cycle -
Vendredi, 48 pays membres du "Climate Vulnerable Forum", représentant plus d'un milliard de personnes parmi les plus exposées au changement climatique, se sont engagés à relever leurs objectifs de réduction des émissions de GES "avant 2020", ce que préconisent les scientifiques pour maximiser les chances de rester sous 2°C.
Ils visent également 100% d'énergies renouvelables "aussi tôt que possible".
Pour rester sous 2°C, les émissions de GES doivent être drastiquement réduites d'ici 2050, ce qui implique un abandon progressif des énergies fossiles.
"Toutes les parties (pays) doivent entamer leur transition (vers les énergies renouvelables), sinon nous souffrirons tous", a commenté Edgar Gutierrez, le ministre de l'Environnement et de l'Energie du Costa Rica.
Les travaux de la COP22 se sont achevés en soirée par l'adoption d'un programme de travail pour parvenir à appliquer l'accord de Paris en préparant le premier bilan en 2018 des actions engagées par les pays et pour déterminer les informations à fournir pour faire preuve de la plus grande transparence possible.
Les discussions sur l'aide financière promise aux plus vulnérables pour faire face au réchauffement ont de nouveau été difficiles à Marrakech.
Les débats se focalisent sur le financement des projets d'adaptation (digues, surélévation des habitations, système d'alerte météo, etc.), qui ne représente qu'environ 16% de l'aide actuelle, selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), un niveau jugé très insuffisant par les pays en développement.
Sujet d'autant plus complexe qu'il n'y a "pas de méthodologie commune pour comptabiliser les projets en faveur du climat", explique Armelle Le Comte, de l'ONG Oxfam.
Après Paris, "un nouveau cycle" a débuté mais "ici, il fallait commencer à travailler sur le +comment faire+ (...) sans forcément espérer de grands résultats concrets", a confié à l'AFP Teresa Ribera, directrice du think tank Iddri.
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