Le président élu des Etats-Unis a décidé de confier le ministère de la Justice au sénateur Jeff Sessions, 69 ans, partisan d'une extrême fermeté sur l'immigration illégale, un des grands thèmes de campagne de Donald Trump, qui avait promis d'expulser 11 millions de clandestins.
M. Sessions, qui entend travailler avec "justice et impartialité", apportera à Donald Trump, novice en politique, sa fine connaissance des mécanismes du pouvoir à Washington.
Mais des propos ouvertement racistes tenus dans les années 1980 le poursuivent encore aujourd'hui: procureur fédéral dans l'Alabama, il avait reproché en 1986 à un avocat blanc de faire "honte à sa race" pour avoir défendu un client noir.
La puissante organisation de défense des libertés Aclu a rappelé avoir été qualifiée de "communiste" par M. Sessions et avoir contesté plusieurs de ses positions sur les droits des homosexuels, la peine de mort ou l'avortement.
"Si vous êtes nostalgiques de l'époque où on faisait taire les Noirs, où les homosexuels devaient se cacher, les immigrés étaient invisibles et les femmes à la cuisine, le sénateur Sessions est votre homme", a ironisé le représentant démocrate de l'Illinois Luis Gutiérrez.
Le sénateur ultra conservateur du Texas Ted Cruz, rival malheureux de M. Trump, a au contraire salué "une grande nouvelle".
Pro-Russie, anti-Iran
Autre poste très important, celui de conseiller à la sécurité nationale - actuellement occupé par Susan Rice - va revenir au général à la retraite Michael Flynn, 57 ans, grand pourfendeur de l'extrémisme islamique et conciliant à l'égard de la Russie.
Il avait dirigé le service des renseignements militaires (Defense Intelligence Agency) entre 2012 et 2014 et suscité la polémique pour des déclarations hostiles à l'islam.
Il défend un rapprochement avec Moscou et Pékin, s'affichant lors d'un dîner à Moscou avec Vladimir Poutine en décembre 2015.
Seul des trois responsables nommés vendredi à n'avoir pas besoin de l'aval du Sénat, il "pourrait ravir (le président russe) Poutine et (le président turc) Erdogan", a estimé l'ancien conseiller de Barack Obama, David Axelrod.
Le représentant démocrate Adam Schiff, membre de la commission du Renseignement, a dit être "très inquiet" de son "faible" pour la Russie et de ses "remarques incendiaires" sur l'islam.
Le milliardaire élu le 8 novembre sur un programme populiste a aussi annoncé que la CIA allait être pilotée par Mike Pompeo, 52 ans, qui représente le Kansas à la Chambre des représentants, élu dans la vague d'arrivée au Congrès du Tea Party, l'aile ultra-conservatrice du parti républicain.
Ce "faucon" est un farouche adversaire du régime iranien et de l'accord international sur le nucléaire signé par les grandes puissances pour empêcher Téhéran de se doter de la bombe.
M. Pompeo a été l'un des membres en vue de la controversée commission d'enquête sur l'attaque du consulat américain à Benghazi en Libye en 2012, qui avait accusé Hillary Clinton, alors secrétaire d'Etat, d'avoir minimisé la menace jihadiste dans ce pays.
Un modéré à la diplomatie ?
Ces premières nominations au gouvernement ont réjoui les républicains mais alarmé les démocrates, déjà vent debout contre la nomination à la Maison Blanche de Steve Bannon, patron du site d'information d'extrême droite Breitbart, comme haut conseiller en charge de la stratégie.
Mais Trump avait aussi nommé à ses côtés le beaucoup plus consensuel Reince Priebus, actuel président du parti républicain, au poste de secrétaire général de la Maison Blanche.
Dans un subtile jeu d'équilibre, Donald Trump laisse filtrer des noms de personnalités plus modérées pour diriger la diplomatie américaine ou conduire l'économie.
Il va rencontrer ce week-end le républicain modéré Mitt Romney, perdant à la présidentielle contre Barack Obama en 2012. Et selon les médias américains, il envisagerait même d'en faire son secrétaire d'Etat, soit ministre des Affaires étrangères.
Un tel rapprochement constituerait une surprise car Mitt Romney avait été le chef de file des opposants à Donald Trump et à sa ligne populiste pendant la primaire du parti républicain.
Le nom de l'ex-maire de New York Rudy Giuliani reste également évoqué à ce poste.
Rassurer les alliés
Le président élu cherche ainsi à rassurer les alliés des Etats-Unis. Premier dirigeant à le rencontrer jeudi à New York, le chef du gouvernement japonais Shinzo Abe a estimé que Donald Trump était une personnalité de "grande confiance".
Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a lui aussi indiqué vendredi dans un tweet avoir eu "une bonne discussion" au téléphone avec Donald Trump sur l'avenir de l'Otan.
Le président de la 22e conférence de l'Onu sur le climat, le Marocain Salaheddine Mezouar, a dit compter sur le "pragmatisme" et l'"esprit d'engagement" de Donald Trump.
Donald Trump, qui est resté enfermé depuis son élection à son domicile new-yorkais de la Trump Tower, doit passer le week-end dans son club de golf à Bedminster, dans le New Jersey voisin. Il devrait y poursuivre les consultations pour la formation de son équipe.
Le magnat de l'immobilier continue néanmoins de tweeter, annonçant sur le réseau social jeudi soir avoir évité une délocalisation d'une usine Ford. Il avait promis en campagne de ramener aux Etats-Unis les usines de groupes américains installées à l'étranger.
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