Après deux mois de campagne officielle et deux premières joutes télévisées parfois hautes en couleurs, les protagonistes de cette primaire inédite dans l'histoire de la droite abattent leur dernières cartes et affûtent leurs ultimes arguments.
L'échange, en direct, devrait durer deux heures. Toujours debout derrière des pupitres disposés en arc de cercle, les candidats répondront d'abord aux questions de quatre journalistes: Jean-Pierre Elkabbach (Europe 1), Nathalie Saint-Cricq et David Pujadas (France 2) et Hervé Favre (La Voix du Nord). Ils disposeront de 90 secondes par réponse, avec un droit d'interpellation de l'un de ses adversaires. Les thèmes seront issus d'un sondage réalisé par Harris Interactive.
Suivra une séquence de débat plus direct, prévue pour durer vingt minutes et ponctuée de questions vidéo posées par des internautes. Les candidats disposeront ensuite, comme d'habitude, de 90 secondes pour conclure.
Les affaires judiciaires avaient fourni la séquence la plus marquante du premier débat. Les attaques de Nicolas Sarkozy contre l'alliance entre Alain Juppé et François Bayrou ont alimenté le deuxième. Jeudi, l'invité surprise de la confrontation devrait logiquement s'appeler Emmanuel Macron.
L'ancien ministre, qui a quitté le gouvernement en août, a annoncé mercredi sa candidature à l'Elysée. Une démarche programmée au beau milieu de la primaire de la droite. "Il y a des gens qui sont tentés d'aller voter Juppé, il faut leur offrir une alternative", expliquait mardi un de ses soutiens parlementaires.
"Incertitude totale"
Le maire de Bordeaux, grand favori des enquêtes d'opinion depuis deux ans, a assuré mercredi que la candidature de M. Macron était d'abord "un problème pour la gauche". Mais cette annonce n'en vient pas moins nourrir une séquence finale délicate, dans laquelle il voit son avance dans les sondages s'éroder, notamment au profit de François Fillon. La fin de la campagne est "tendue", a-t-il glissé mardi en petit comité, tandis qu'un de ses soutiens évoquait une "incertitude totale" sur l'issue du scrutin.
Jugé convaincant lors des deux premiers débats, François Fillon égale pour la première fois (25%) Nicolas Sarkozy en deuxième position, dans un sondage Opinionway pour Atlantico. Et l'emporterait au second tour face à ses deux principaux concurrents en cas de qualification. "Les Français voient bien qu'ils ont le choix entre un candidat, Nicolas Sarkozy, qui leur propose un retour en arrière", et "de l'autre côté un candidat (Alain Juppé) qui a choisi une extrême prudence", résume M. Fillon.
M. Sarkozy, justement, a abordé cette semaine pied au plancher. Si le doute commence à poindre chez certains membres de son entourage, l'ancien président continue de travailler au corps sa base électorale pour réaliser le meilleur score au premier tour. Les sondages continuent de le donner en tête auprès des sympathisants des Républicains. Mais "dans toutes les enquêtes (...), le second tour s'apparente à un référendum anti-Sarkozy, un +TSS+ et ça ne lui est pas favorable", relève Frédéric Dabi (Ifop).
Les "petits" candidats jouent eux-aussi leur va-tout. Quelque peu emprunté lors des deux premiers débats télévisés, dépossédé du statut de trublion par François Fillon, Bruno Le Maire a promis d'"augmenter le volume". Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-François Copé et Jean-Frédéric Poisson continueront de cultiver leur différence.
M. Poisson a quitté mercredi soir le plateau de France 3 en pleine interview afin de protester contre le traitement médiatique dont il estime avoir fait l'objet.
Après le débat, les trois favoris lanceront un ultime appel au suffrage vendredi.
Alain Juppé sera à Lille pour un grand meeting régional. Il escomptait enregistrer à cette occasion le soutien du président de la région Xavier Bertrand mais ce dernier devrait finalement rester mutique avant le premier tour. Nicolas Sarkozy sera à Nîmes et François Fillon rassemble ses soutiens à Paris, au Palais des Congrès. Bruno Le Maire sera en Corrèze, NKM dans le Tarn et Jean-Frédéric Poisson à Marseille.
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