Les bombardements aériens et d'artillerie ont causé la mort de 20 civils dont neuf enfants ces dernières 24 heures dans les quartiers rebelles d'Alep. Dans la province d'Idleb (nord-ouest), six civils ont péri dont un enfant à Kafar Jales, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
"Les avions militaires russes ont visé toute la nuit et jusqu'au matin plusieurs régions d'Idleb", province contrôlée par une alliance de rebelles et de jihadistes, a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH.
"Dans le même temps, l'armée de l'air du régime a bombardé les quartiers Est d'Alep", la deuxième ville syrienne divisée depuis juillet 2012 entre secteurs gouvernementaux et rebelles et que le régime entend reprendre entièrement.
Yahya Arja, un secouriste des Casques Blancs, la Défense civile dans les zones rebelles, a indiqué que les "bombardements avaient frappé des civils innocents dans leurs maisons, dont certains ont été détruites à Kafar Jales". "Nous avons travaillé toute la nuit pour fouiller les décombres et en retirer les martyrs et les survivants", a-t-il ajouté à l'AFP.
'Inexcusables'
Après un mois d'accalmie, la campagne de frappes a été relancée mardi par l'armée gouvernementale sur les quartiers rebelles d'Alep, coïncidant avec l'annonce par Moscou d'une nouvelle offensive, officiellement contre les jihadistes d'Idleb et de Homs (centre).
L'armée russe possède une puissance de feu considérable grâce aux avions qui décollent du porte-avions Amiral Kouznetsov, arrivé la semaine dernière au large des côtes syriennes.
Moscou a ainsi nettement renforcé le dispositif militaire mis en place depuis plus d'un an pour soutenir le régime du président Bachar al-Assad aux côtés de l'Iran ou du Hezbollah libanais.
Les nouvelles frappes ont été qualifiées d'"inexcusables" par Washington, qui soutient la rébellion dite modérée et a souvent accusé Moscou de viser les insurgés anti-régime sous couvert de bombarder les jihadistes.
Moscou lui a répondu en dénonçant une "rhétorique" basée sur des "mensonges".
La reprise des bombardements intervient un semaine après l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. Ce dernier a annoncé à plusieurs reprises que sa priorité était la lutte contre les jihadistes et non pas de faire tomber Bachar al-Assad comme le souhaitait Barrack Obama.
Dans sa première réaction, le chef de l'État syrien a déclaré que M. Trump serait "un allié naturel" s'il luttait contre le terrorisme, dans un entretien diffusé mardi soir par la télévision publique portugaise RTP. "Nous ne pouvons rien dire sur ce qu'il va faire, mais disons que s'il va lutter contre le terrorisme, bien sûr nous allons être alliés, des alliés naturels de la même manière que nous le sommes avec les Russes, les Iraniens et beaucoup d'autres pays qui veulent défaire le terrorisme", a dit M. Assad.
Par le terme de "terrorisme", le régime entend toutes les formations armées qui lui sont hostiles, que ce soit celles considérées comme modérées ou les jihadistes, comme le groupe Etat islamique (EI), qui contrôle de vastes régions en Syrie.
'Nos dépôts sont vides'
Sur le plan humanitaire, la situation devient de plus en plus critique pour les 250.000 habitants d'Alep-Est, soumis à un siège implacable depuis le 17 juillet. Leurs provisions touchent à leur fin et le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a indiqué à l'AFP avoir effectué dimanche sa dernière distribution.
"Nos dépôts sont vides nous ne pouvons plus rien distribuer", a affirmé à l'AFP Ammar Qadah, le directeur d'al-Cham al-Insaniya, une association de charité. Des volontaires ont distribué mardi ses derniers maigres sacs d'aides, a constaté un correpondant de l'AFP.
L'ONU avait déjà averti la semaine dernière que les dernières rations alimentaires étaient en train d'être distribuées aux habitants d'Alep-Est.
La guerre en Syrie, qui a fait plus de 300.000 morts en cinq ans et demi, est devenue la pire crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale.
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