Le fondateur d'En marche! a choisi pour se lancer un centre de formation en Seine-Saint-Denis, auquel il avait déjà rendu visite à deux reprises. Il y fera une déclaration à la presse à 10H30.
"La symbolique est forte. On annonce des choses en banlieue, pas sur le plateau de TF1", s'est réjoui auprès de l'AFP Patrick Toulmet, le président de la chambre des métiers et de l'artisanat de la Seine-Saint-Denis, dont dépend ce centre.
Face à une "alternance du repli", incarnée par la droite, M. Macron veut incarner une "alternance de l'espoir", croit savoir un député "macroniste" du premier cercle.
A gauche comme à droite, cette (probable) candidature a été accueillie plutôt froidement mardi soir.
"L'enjeu (pour 2017), c'est le rassemblement, c'est la cohésion", la gauche ne pouvant pas être au "rendez-vous" de la présidentielle "si elle n'est pas rassemblée", a prévenu le président de la République François Hollande, qui doit dire d'ici un mois s'il brigue un nouveau mandat en dépit de ses mauvais sondages.
"C'est très embêtant", a de son côté constaté le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, mettant en garde contre le risque d'élimination de la gauche dès le premier tour si elle part fragmentée à la présidentielle.
A droite, le favori de la primaire Alain Juppé a invité à "ne pas être naïf" face à un candidat qui se présente en "chevalier blanc" alors qu'il "a totalement cautionné la politique économique menée depuis 2012".
Saut dans l'inconnu
De fait, le maire de Bordeaux a toutes les raisons de "se méfier" de M. Macron, clairement déterminé à mordre sur son électorat.
Dans son entourage, certains élus ne cachent pas leur souhait de voir la candidature de l'ex-ministre interférer avec la primaire de la droite, dont le premier tour aura lieu dimanche, et le second le 27 novembre.
"On souhaite qu'il y aille avant la primaire de la droite. Il y a des gens qui sont tentés d'aller voter (Alain) Juppé, il faut leur offrir une alternative", a par exemple expliqué mardi à l'AFP une parlementaire proche de M. Macron.
Sans doute est-ce l'une des raisons qui ont conduit ce dernier à accélérer son calendrier, et à officialiser sa candidature avant de détailler son projet, nonobstant le plan en quatre temps qui avait été présenté peu après sa sortie du gouvernement le 30 août (immersion, diagnostic, propositions, incarnation).
Autres motifs: l'impatience des troupes sur le terrain, et la montée en puissance de Manuel Valls, présenté par François Hollande et ses proches comme le candidat le plus légitime pour lui succéder s'il renonçait, et porté par des sondages flatteurs.
M. Macron a enfin pu être encouragé par la victoire de Donald Trump. "Rien n'est jamais écrit à l'avance", a-t-il écrit après la présidentielle américaine.
Inconnu du grand public il y a encore deux ans, l'ancien banquier de 38 ans a atteint en un temps record une notoriété et un niveau d'organisation enviables. Ses proches égrènent avec fierté les chiffres: près de 100.000 adhérents structurés en plus de 1.700 comités locaux, plus de 2,7 millions d'euros de dons, une cinquantaine de parlementaires conquis...
Mais après ce saut dans l'inconnu, le plus dur reste encore à faire pour l'ex-ministre. Parviendra-t-il à conquérir un espace politique ? à réunir ses parrainages ? à convaincre les parlementaires PS de le suivre malgré les menaces d'exclusion de leur parti ?
Raillant le flou de ses propositions, de nombreux observateurs prédisent l'éclatement de la "bulle médiatique" Macron à partir du moment où il les aura mises dans le débat.
"Quand on commence à rentrer dans le concret, cela permet à chacun de porter un jugement sur autre chose que la seule qualité du sourire", persiflait lundi le ministre de l'Economie Michel Sapin dans une interview aux Echos.
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