"C'est le premier grand test", se réjouit Tony Estanguet, co-président de la candidature française et membre du CIO depuis 2012 avant de plancher devant les Comités olympiques nationaux du monde entier. "Je suis pressé d'y être car on y travaille depuis de longs mois. Il va falloir faire comprendre notre concept, notre projet, et construire un rapport de confiance avec les électeurs".
Le triple champion olympique sera notamment accompagné du judoka Teddy Riner, de la maire de Paris Anne Hidalgo, du président du CNOSF Denis Masseglia et de l'autre co-président, Bernard Lapasset. Tous se partageront moins de quinze minutes de temps de parole pour tenter de séduire et convaincre l'auditoire.
Parmi le millier de spectateurs réunis pour les entendre dans un grand hôtel de Doha, à l'occasion de l'assemblée générale des comités nationaux olympiques, les présidents des 206 CNO et ceux des fédérations internationales de sports olympiques, soit environ un tiers de la centaine de membres du CIO qui seront invités à départager les trois candidates, le 13 septembre prochain, à Lima.
Pas question de tout dire
Au-delà des mots, prononcés en au moins trois langues - anglais, français, espagnol -, l'équipe parisienne s'appuie sur deux films de présentation technique pour un exposé hyper-calibré, sans question de la salle, contrairement à ce qui est prévu en juillet à Lausanne, puis en septembre à Lima lors des deux derniers oraux.
Un format bien différent, plus ramassé et compact, que celui expérimenté en 2004 et 2005, lors de la campagne pour les JO-2012 remportée sur le fil par Londres.
"La présentation se poursuit par les contacts que l'on pourra avoir en marge des réunions avec les membres du CIO", reprend Bernard Lapasset, ancien président de la Fédération internationale de rugby, connu dans l'institution olympique pour avoir fait entrer son sport au programme des Jeux. "Cette rencontre humaine est capitale".
Paris, qui s'exprimera en dernier selon l'ordre établi par le CIO, va vanter les atouts affichés depuis de longs mois: un parc d'infrastructures existant à 95%, une volonté de réaliser des Jeux respectueux de l'environnement et destinés à laisser un héritage matériel à des territoires comme la Seine-Saint-Denis et immatériel à la société dans son ensemble.
Pas question pour autant de dévoiler toutes ses cartes. Le coup de grâce, la botte secrète destinée à emporter l'adhésion n'apparaîtront que dans les dernières semaines avant le rendez-vous de Lima. "Présenter un slogan comme le +Inspire a generation+ des Anglais en 2012, ce n'est pas l'objet du voyage à Doha", note Lapasset.
Los Angeles et l'évidence américaine
En face, la concurrence est âpre. Considérée par les observateurs comme co-favori avec Paris, Los Angeles effectue au Qatar sa première sortie depuis l'élection de Donald Trump, tant redoutée par le maire démocrate de L.A., Eric Garcetti.
Ce dernier, qui mènera la délégation à Doha, avait d'ailleurs anticipé en annonçant que son projet se voulait avant tout celui de la Californie.
A ses côtés, la sprinteuse Allyson Felix et la nageuse Janet Evans - dix titres olympiques à elles deux - feront la promotion d'une ville qui n'a plus rien à prouver.
Hôte des Jeux en 1984, la métropole californienne s'appuie, comme Paris, sur ses acquis. "Une série de sites prestigieux qui feront de LA-2024 les Jeux les plus économiques et les moins risqués financièrement de l'histoire", selon Casey Wasserman, patron de la candidature. Une manière selon lui de se dégager des "impératifs de construction pour se concentrer sur l'expérience de chaque visiteur."
Au-delà du Coliseum, des sites universitaires rénovés, du Staples Center, Los Angeles devrait également insister sur le point qui fait mal à ses rivales: la dépendance économique du CIO à ses partenaires américains, soit cinq top sponsors sur douze, et la toute puissante chaîne NBC capable d'imposer les horaires des finales olympiques.
Budapest jouera quant à elle dans un tout autre registre. Invitée surprise de la finale à trois, survivante là où Hambourg, Boston et Rome, pourtant mieux armées sur le papier, ont jeté l'éponge, la capitale hongroise va continuer sa stratégie du profil bas.
"Alternative réelle aux mégapoles qui ont accueilli tant d'éditions des JO", selon son président Balázs Fürjes, Budapest-2024 veut prendre au mot le CIO qui a voté, fin 2014, un paquet de mesures (l'agenda 2020) destiné notamment à promouvoir des Jeux plus accessibles aux villes moyennes.
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