Dans ses studios de Caen (Calvados) le photographe culinaire Patrick Rougereau continue ce qui l'anime depuis trente ans: immortaliser la cuisine et la nourriture. Cet amoureux de la gastronomie a été récompensé à de nombreuses reprises notamment pour son dernier livre: "Regarde comme c'est bon". Dans cet ouvrage retraçant sa carrière, Patrick Rougereau y accorde une grande place à sa Normandie natale. L'ouvrage sera récompensé du prix national en février 2015 et a été en mai 2016 couronné du prix "Best cookbook photography in the world" à Yantaï en Chine
En deux mots, qu'est-ce qu'un photographe culinaire?
Je n'ai qu'un sujet c'est l'alimentaire. Mon travail est principalement exploité par les milieux de l'édition et ceux de l'industriel de l'agroalimentaire et de l'art de la table.
Comment est née cette vocation un peu particulière?
Quand j'étais gamin j'ai ballotté entre la cuisine et la photo. J'ai choisi cette dernière car il faut bien faire un choix de carrière. Toutefois je n'ai pas immédiatement débuté avec le culinaire, j'ai travaillé plusieurs années comme photographe généraliste (mode, industrie…) mais c'est vraiment dans le culinaire que je me suis senti le mieux et c'est tout naturellement que j'ai pris ce chemin. Chemin passionnant parce que techniquement c'est compliqué de travailler sur des produits vivants l'éclairage suffit à tuer le produit ou le mettre en valeur. Et puis les rencontres avec les Chefs sont toujours pour moi des moments extraordinaires.
On a souvent l'impression que prendre une photo est un acte totalement anodin, à quel moment le professionnel que vous êtes fait la différence?
La technique a certes énormément évolué et participé dans le bon sens du terme à la vulgarisation de la photo. Avec le matériel numérique et les récents outils de retouche, faire une belle photo est à la portée du plus grand nombre. Mais nous interviendrons davantage dans les techniques de lumière et dans le stylisme. Mais c'est un savoir-faire comme un autre et c'est avant tout l'expérience qui fait notre professionnalisme. Le photographe amateur s'adapte à l'instant, à la météo et à l'ambiance autour. Il rend principalement un témoignage, nous sommes davantage sur la création.
En France la cuisine a un statut particulier, c'est à la fois un art et en même temps inhérent à notre culture et à notre patrimoine. Ce que vous faites ne serait pas une tentative de sublimer cela?
Devant un plat nous sommes les yeux du cuisinier. Notre challenge consiste surtout à réussir à retransmettre ce que le Chef a voulu voir. En valorisant et sans dénaturant leur travail et le produit de celui-ci. Pour cela je travaille essentielle en studio. On y ressent à mon sens ce que vit un écrivain devant une page blanche. Tout est à faire et tout est à créer. J'ai d'ailleurs pensé mon studio comme un restaurant. D'ailleurs nous disposons des mêmes structures: cuisine, chambre froide, vaisselle (plus de 2000 assiettes différentes…)
Votre conseil pour un lecteur qui voudrait se lancer?
Être passionné! Tout le reste découle de façon logique. Quand on est passionné, on se donne, on travaille beaucoup et on a envie de progresser. Ces métiers-là ne se font pas comme un passe-temps.
A LIRE AUSSI.
L'Italien Giovanni Passerini, "meilleur chef" pour le Fooding 2017
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.