Clara est aide-soignante. Depuis plus de 20 ans, elle travaille de nuit au CHU de Rouen (Seine-Maritime). Ses journées commencent à 20h30 et se terminent à 6 h 30. Jeudi 10 novembre 2016, elle participait au troisième mouvement de grève qui touchait le personnel de l'hôpital.
Au coeur des inquiétudes des quelques 8% de grévistes, la nouvelle organisation du temps de travail. A partir de janvier 2017, les salariés disposeront de 25 jours de congés au lieu de 28. Les trois jours restants seront à poser de façon fractionnée ou bien perdus. Autre point qui fâche : le décompte du temps de travail, qui se fera en heures et non plus en jours.
"Le personnel de nuit va le plus trinquer"
"Une fois encore, c'est le personnel de nuit qui va le plus trinquer de cette réorganisation, s'inquiète Clara. Comme la plupart des personnels de nuit, son rythme de travail décalé se fait sur une semaine de 32h30. Le problème c'est qu'aujourd'hui, lorsque que l'on part en formation ou que l'on est malade, nous récupérons nos journées sur une base de 35h. Pour chaque journée prise, nous devons rendre trois heures de travail. Partir trois jours, ça veut donc dire faire une nuit de plus !"
Carole peine à se souvenir de la dernière fois où elle a pu bénéficier d'une formation. En revanche, elle se souvient bien de ce collègue qui, absent pour se faire opérer d'une hernie, doit rattraper dix nuits de travail.
"Nous sommes mariées à l'hôpital"
Semaine pouvant compter jusqu'à 50 h de travail, garde un week-end sur deux "avec une prime de 47 euros, ce n'est pas payé double comme à l'usine!", ou encore la moitié des Noëls qu'elle n'a pas passé avec ses enfants... "Nous sommes mariées avec l'hôpital", résume l'aide-soignante. Au-delà du "nouveau guide du temps de travail" du CHU, ce sont ces conditions de plus en plus difficiles qui l'inquiètent.
Pour elle, "l'administration fait passer la gestion avant l'humain". Spécialisée en réanimation, elle raconte avoir déjà été envoyée à la dernière minute dans un autre service où on manquait de personnel. "On doit parfois courir comme des fous, alors que si on fait ce métier c'est pour nos patients, on aime notre travail".
Dans les rangs du défilé, sa collège Laurence, infirmière travaillant elle aussi de nuit, s'interroge. "Pourquoi les gens ne bougent pas plus pour l'hôpital ? Tout le monde peut un jour être malade ou avoir un parent malade..."
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