Vers midi, la fillette blonde aux yeux bleus se volatilise entre l'école et son domicile, situé à seulement 400 mètres. Après avoir envisagé une "fugue", les enquêteurs mènent d'intenses recherches, allant jusqu'à vider le Canal du Midi sur 14 km.
Un chien policier perd la trace de Marion à 50 mètres de chez elle, laissant supposer qu'elle était montée dans un véhicule...
Après des milliers de témoignages et des investigations poussées jusqu'en Nouvelle-Calédonie, Espagne, Pologne et Martinique, aucune piste sérieuse n'a pu être retenue, malgré la diffusion en 1998 d'un portrait scientifiquement vieilli de la fillette.
Mais vingt ans plus tard, "toutes les pistes, même les plus ténues, continuent d'être exploitées sans relâche", assure le Procureur de la République à Agen, Manuella Garnier, dans un communiqué.
A la Section de recherches de la gendarmerie, la cellule "Marion" reste activée, avec trois enquêteurs affectés au dossier, contre une quarantaine au plus fort de l'enquête.
Et "il ne se passe pas un trimestre sans que des actes d'enquête ne soient ordonnés", insiste la magistrate. Elle souligne que "chaque acte d'instruction interrompt la prescription de l'action publique pour une nouvelle durée de dix ans".
Même détermination chez Annie Gourgue, présidente de La Mouette, une association locale de protection de l'enfance maltraitée, qui refuse de baisser les bras : "Chaque matin quand je me lève j'ai espoir de retrouver Marion", assure-t-elle aux journalistes.
La Mouette organise lundi à midi un rassemblement à Agen, suivi d'une marche silencieuse : "C'est pour dire à Marion +On ne t'oublie pas+, mais c'est aussi un message de solidarité pour les parents, même s'ils n'y participeront pas", ajoute-t-elle.
Annie Gourgue ne désespère pas qu'un jour, quelqu'un donne un renseignement qui permettra de connaître la vérité. Elle s'est beaucoup investie à l'époque de la disparition : pas moins de "15 millions d'affiches avaient été diffusées dans toutes les langues et dans toute l'Europe", se souvient-elle.
"Beaucoup de choses ont changé"
"Nous avions écrit aux 36.000 maires des communes françaises" et bénéficié à l'époque d'"une très grosse couverture médiatique". Grâce à Jacques Pradel et à son émission "Perdu de vue" sur TF1, l'association avait pu contacter les industriels du lait qui avaient affiché la photo de Marion "sur 10 millions de packs", une campagne inspirée des pratiques américaines.
"On avait rencontré, avec les parents de Marion, Alain Juppé (alors Premier ministre) et Jacques Chirac" (le président de l'époque), rappelle Annie Gourgue.
Une mobilisation qui n'a donné aucun résultat concret mais ne fut pas pour autant inutile car "beaucoup de choses ont changé depuis la disparition de Marion", souligne-t-elle. Maintenant, "on prend beaucoup plus au sérieux les disparitions d'enfants" et on ne se contente plus de parler d'une +simple fugue+...".
Désormais, aussitôt après la déclaration de disparition, le portrait de l'enfant est diffusé à l'échelle européenne avec un numéro vert d'appel téléphonique : un numéro mis en place grâce au travail du réseau "Missing Children Europe" auquel est affiliée La Mouette.
Et, depuis sa création, "Alerte enlèvement a permis en France de retrouver 13 enfants", insiste Annie Gourgue. Ce dispositif, lancé par le ministère de la Justice en février 2006, s'inspire du système "Amber alert" instauré aux Etats-Unis en 1996 après la disparition d'Amber Renee Hagerman, une fillette de 10 ans enlevée à Arlington (Texas) et retrouvée morte quatre jours plus tard. Il permet de diffuser très rapidement auprès de l'ensemble de la population des informations précises relatives à l'enlèvement d'un mineur, afin de susciter des témoignages pouvant permettre de le retrouver. Car les premières heures suivant la disparition sont cruciales pour la survie des victimes.
Aujourd'hui, Annie Gourgue a la conviction que "s'il y a 20 ans, nous avions eu Alerte-enlèvement, internet et les réseaux sociaux, nous aurions su ce qui s'est passé pour Marion".
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