Hyacinthe Koma, le fils de sa nounou, "venait souvent donner un coup de main à La Belle équipe". Sous une pluie fine, Brigitte, 69 ans, s'est recueillie, parmi d'autres Parisiens, devant ce bistrot du XI arrondissement, l'une des terrasses attaquées il y a un an par un commando de jihadistes dans la capitale.
Du Stade de France à Saint-Denis jusqu'à Paris, un hommage officiel aux 130 morts et aux centaines de blessés a été rendu sur chaque site, en présence de François Hollande.
Les attentats ont "marqué la vie du quartier", relève Bruno, 36 ans, qui était rue de Charonne lors des fusillades. "Mais je n'ai jamais entendu d'amalgames idiots sur les musulmans et les terroristes dans les bars que je fréquente", ajoute-t-il, "rassuré".
Certains déposent des roses ou des bougies. D'autres apposent des messages: "Ils ont essayé de nous enterrer, ils ne savaient pas que nous étions des graines". Ou encore: "A tous ceux qui ont vécu cet événement... Et à mon frère Christophe, qui fait preuve d'un grand courage depuis un an".
Devant le Bataclan, où 90 personnes avaient été assassinées en plein concert, de nombreuses personnes s'embrassent, émues, certaines en larmes, comme la secrétaire d'État à l'Aide aux victimes Juliette Méadel.
Quelques mètres derrière les familles des victimes, on aperçoit Jesse Hughes, chanteur des Eagles of Death Metal, le groupe de rock californien qui jouait le soir du carnage.
"Ne jamais oublier"
Marie-Pierre Galvès, "qui a perdu deux personnes" au Bataclan, est "venue pour ne jamais oublier". "C'est important, c'est la mémoire collective. J'espère que je vais réussir à passer à autre chose".
Thierry, qui était au Bataclan le 13 novembre mais n'a pas été blessé, a jugé l'hommage "sobre, digne, émouvant". "Revoir les blessés, parfois en béquilles, en fauteuil roulant, ça m'a retourné", dit-il, espérant pouvoir "passer à autre chose".
"Le président de la République a fait le tour, il a parlé avec les gens, il y a une demande d'écoute et d'échange", a indiqué Daniel Psenny, le journaliste du Monde qui avait été touché par une balle il y a un an.
Pour les proches des victimes, les plaques dévoilées par le chef de l'État près de chaque site attaqué apportent une reconnaissance. Sophie Dias dit s'être "battue toute l'année" pour que l'une d'elles rende hommage à son père, Manuel Dias, mort au Stade de France lors du premier attentat suicide de l'histoire du pays.
Les victimes "du Stade", qui se sentent souvent les "oubliés des attentats", se sont longuement étreintes, dans un moment de communion avec secouristes et policiers.
Lors d'un premier hommage aux Invalides après les attentats, "on avait eu le sentiment d'être le +petit attentat+", explique Imen, qui s'était retrouvée le 13 novembre "couverte de fragments de peau". J'ai pensé que c'était fini, qu'on allait tous mourir".
"Les blessés et les endeuillés se sentent souvent seuls. La solidarité de la population et de l'État", c'est "une façon de dire : +Vous portez le deuil, mais nous vous portons aussi+", a expliqué à l'AFP le professeur Thierry Baubet, coordinateur de la CUMP (Cellule d'urgence médico-psychologique) de Seine-Saint-Denis, dont les équipes accompagnent les victimes depuis un an.
Pour les soignants, ces hommages permettent aussi d'identifier des personnes qui, "un an après, sont sans filet, sans aide", selon le psychiatre. "Heureusement, il n'est jamais trop tard pour apporter des soins".
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