Dans la nuit du 17 au 18 novembre, il s'envolera à bord d'un Soyouz depuis le cosmodrome de Baïkonour (Kazakhstan) pour rejoindre la Station spatiale internationale (ISS).
Ce sera le couronnement de plus de sept ans d'entraînement pour cet ingénieur aéronautique, également pilote de ligne, sélectionné en mai 2009 pour entrer dans le corps des astronautes européens. Sur 8.413 candidats, l'Agence spatiale européenne n'en a retenu que six dont Thomas Pesquet, le dernier à voler.
"Thomas est un garçon remarquable" et "cool", déclare à l'AFP Jean-Jacques Dordain, l'ancien directeur général de l'ESA, qui a procédé à la sélection finale lorsqu'il ne restait plus que dix candidats. "Il réunit un cursus professionnel intéressant, des qualités humaines importantes qui lui permettent d'être à l'aise avec tout le monde, et enfin la passion". "Cela fait de lui un bon ambassadeur de l'espace".
Beau garçon, l'astronaute, qui mesure 1 m 84, est un sportif accompli : judo, basket, plongée, parachutisme, alpinisme...
Outre l'anglais, l'espagnol et l'allemand, il a appris très sérieusement le russe -indispensable pour le vol en Soyouz. Il a aussi commencé le chinois.
Avec toutes ces cordes à son arc, l'astronaute reste malgré tout modeste.
Né à Rouen (nord-ouest) le 27 février 1978, Thomas Pesquet raconte qu'enfant, il était "fan d'espace, de manière assez naïve comme beaucoup de petits garçons". Il jouait dans une navette spatiale confectionnée par son père avec du carton, s'achetait des magazines spécialisés.
"Inconsciemment", au fil des années, Thomas Pesquet s'est bâti un profil complet d'astronaute par ses choix successifs. Au point qu'au moment de la sélection "j'ai pu cocher toutes les cases", dit-il à l'AFP.
'Des racines et des ailes'
L'astronaute souligne qu'il a eu la chance d'avoir "une enfance extrêmement stable" en Normandie (nord-ouest). "Mes parents m'ont donné des racines et des ailes".
Un père prof de maths et de physique, une mère institutrice, un frère aîné passionné d'informatique: Thomas Pesquet est bon élève.
Après une classe préparatoire scientifique, il fait "Supaéro", prestigieuse école d'ingénieurs spécialisée dans l'aéronautique et l'espace à Toulouse (sud-ouest).
Il débute comme ingénieur en Espagne puis travaille pour le CNES, l'agence spatiale française, de 2002 à 2004.
Parallèlement il apprend à faire voler des avions. Formé par la compagnie Air France, il obtient sa licence de pilote de ligne en 2006, accumule 2.500 heures de vol et devient instructeur sur Airbus A320.
En 2008, l'Agence spatiale européenne, qui n'avait pas sélectionné d'astronautes depuis des années, ouvre un nouveau recrutement. "Un ami du CNES me prévient et me dit que j'ai toutes mes chances", se souvient-il. Il a 30 ans.
"Thomas avait tout de bon", déclare l'astronaute français Jean-François Clervoy, qui faisait partie du jury de sélection.
"Il est très performant intellectuellement, comprend et raisonne très vite, a une très bonne mémoire. En outre il adore communiquer et le fait très bien", ajoute-t-il.
Commence alors un long entraînement. En mars 2014, Thomas Pesquet est affecté à une mission de six mois dans l'ISS. "Là, on me donne un planning. En gros, toute ma vie était planifiée jusqu'au décollage".
L'ISS est internationale: Thomas Pesquet passe de Cologne (où se trouve le Centre européen des astronautes) à Moscou, avec des détours par Houston, le Canada et le Japon.
Il essaie de sauvegarder quelques moments pour voir sa compagne Anne, qui travaille à Rome pour les Nations Unies. Fin octobre, ils ont pu passer quelques jours ensemble à Moscou.
Au moment du décollage, elle sera là avec les parents de Thomas, son frère et des amis. Mais ils ne pourront voir l'astronaute, en quarantaine médicale, qu'à travers une vitre.
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