Décédé à 82 ans, Leonard Cohen avait sorti il y a quelques semaines son 14e album, "You want It Darker".
Avec sa voix grave murmurée, accompagnée cette fois d'une contrebasse, le poète se penche sur la condition finie de l'homme et interroge la nature d'un Dieu tout puissant.
Déjà largement abordé dans "Hallelujah" (1984), l'un de ses plus grands succès, sa relation avec Dieu s'affiche, cette fois, pour aborder la mort.
"Hineni, hineni / je suis prêt mon Dieu", chante Cohen de sa voix rauque avec les mots en hébreu signifiant "me voici".
La mort comme trame de l'album y dessine l'issue inexorable réservée au chanteur et rendue sans doute plus manifeste avec le décès en juillet de sa muse Marianne Ihlen, amoureuse devenue célèbre par le titre "So Long Marianne" (1967).
"Je ne veux pas de pardon / Non, non il n'y a personne à blâmer / Je quitte la table / Je suis hors-jeu", sont quelques-unes des paroles chantées en forme de mise en scène de sa propre fin.
'Etoile noire'
Leonard Cohen avait consacré il y a quelques semaines sa dernière apparition publique à une séance d'écoute de son 14e opus dans sa demeure de Los Angeles.
Malicieux, le poète avait alors lancé aux journalistes qu'"il avait l'intention de vivre éternellement" comme un pied de nez à un récent entretien accordé au magazine New Yorker dans lequel il se disait "prêt à mourir..."
L'album est sorti le 21 octobre, il y a à peine 3 semaines.
Le scénario ressemble à celui de David Bowie disparu le 10 janvier. Deux jours auparavant, le chanteur britannique, atteint d'un cancer non révélé au grand public, publiait pour son 69e anniversaire, "Blackstar", un dernier album sombre et un clip vidéo glaçant, intitulé "Lazarus", dans lequel il apparaît alité et hanté.
"Blackstar" unanimement salué par la critique, montre un Bowie qui poursuit ses aventures musicales dans le jazz expérimental.
Le morceau éponyme de l'album met en scène une femme qui découvre un astronaute mort sur une planète inconnue, interprété par ses fans à la lumière de la disparition du chanteur, comme la fin de "Major Tom", l'un des multiples personnages derrière lequel il se grimait.
"Quelque chose s'est produit le jour de sa mort/ L'esprit s'est élevé d'un mètre et a fait un pas de côté/ Quelqu'un a pris sa place et a courageusement crié, je suis étoile noire, je suis une étoile noire".
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