Une extension "indispensable" pour la fédération qui veut doter Paris d'un grand stade à la hauteur du tournoi international du Grand Chelem. Un projet qui va faire des Serres d'Auteuil "les jardins du stade" et "défigurer" l'oeuvre de l'architecte-paysager Jean-Camille Formigé (1845-1926) selon ses héritiers.
La Fédération française de tennis (FFT) s'est réjouie d'une "nouvelle victoire" et a affiché son "objectif de jouer l'édition 2019 du tournoi dans le nouveau court", dans un communiqué.
Le tribunal a déclaré Laurence et Virginie Formigé, arrière-petites filles de l'architecte, et l'association Jean-Camille Formigé "irrecevables en leurs demandes fondées sur l'atteinte au droit moral" de l'architecte, "faute de qualité à agir".
De même, il a débouté une autre héritière, bien reconnue comme "légataire universelle" mais jugée elle-aussi irrecevable "faute de décrire les caractéristiques du jardin et des serres d'Auteuil qui porteraient l'empreinte de la personnalité de Jean-Camille Formigé et donc d'établir que la partie noble du jardin est susceptible d'être considérée comme un oeuvre protégeable au titre du droit d'auteur".
Les plaignants ont en outre été condamnés solidairement à verser 40.000 euros au titre des frais de justice à la Fédération française de tennis, laquelle a par ailleurs été déboutée de sa demande de dommages et intérêts pour procédure abusive.
Cette décision du tribunal de grande instance (TGI) de Paris, la première sur le fond du dossier, clôt un chapitre important de la bataille juridique entre les défenseurs du patrimoine d'une part, la Fédération et la mairie de Paris d'autre part.
Même si ce dossier est loin d'être refermé: les héritiers Formigé vont sans doute faire appel de cette décision et un nouveau rendez-vous judiciaire est d'ores et déjà prévu début 2017, cette fois devant le tribunal administratif devant lequel des associations contestent le permis de construire.
Sur le terrain, les pelleteuses sont en action depuis plus de quinze jours, après l'autorisation de reprise des travaux par la 3e chambre civile du TGI le 18 octobre.
"Sans ambiguïté"
Le projet de la Fédération, présenté en 2011 et qui a obtenu un permis de construire en 2015, prévoit de construire un court semi-enterré de 5.000 places aux abords immédiats des serres historiques, entraînant la destruction de serres "modernes", bâties après 1980 et jugées sans valeur architecturale.
Le directeur général de la FFT Jérémy Botton a salué une décision "sans ambiguïté", expliquant à l'AFP attendre désormais "plus que serein" la "décision au fond du tribunal administratif qui devrait intervenir début janvier". Sur le terrain, a-t-il ajouté, "les travaux avaient repris leur cours et ne devraient plus jamais s'arrêter."
Lors de l'audience du 3 novembre, l'avocat des héritiers Formigé avait affirmé que le nouveau court allait, par sa taille, "devenir l'élément central du jardin", "écraser les perspectives" et "dénaturer un jardin original à l'ordonnancement rythmé".
Au contraire, ceux de la FFT avaient expliqué que ce nouveau stade avait "été conçu semi-enterré, entièrement bordé de serres, pour s'intégrer dans la plus grande harmonie au jardin". Un court "jamais visible" et dont les accès ne seront ouverts au public à travers le jardin "que six semaines par an, le temps du tournoi".
Un projet soutenu par la mairie de Paris, qui a rappelé oeuvrer "aussi bien au rayonnement de Paris" qu'à la "préservation du patrimoine", notamment en redonnant son lustre au cinéma Louksor et à son style antique années 1920, à la prestigieuse salle Pleyel ou au crématorium du Père-Lachaise conçu par Formigé, illustre architecte en chef des monuments historiques.
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