"C'est la première fois qu'une neurotechnologie" permet à des singes partiellement paralysés, de remarcher, selon le Français Grégoire Courtine, professeur en neurosciences, cité par l'EPFL.
Dans la foulée de cette première sur des singes, une étude clinique de faisabilité a commencé à l'hôpital universitaire de Lausanne (CHUV) afin de tester ce système chez les personnes atteintes d'une lésion de la moëlle épinière, ajoute le communiqué.
En juin 2015, deux singes, en l'occurrence des macaques rhésus, partiellement paralysés à la suite d'une lésion de la moëlle épinière, ont recouvré le contrôle d'un membre inférieur grâce à un système appelé "interface cerveau-moelle épinière", composé de deux implants reliés entre eux par un système sans fil. L'un des implants est fixé dans le cerveau et sert à enregistrer et décoder les intentions motrices, et l'autre est fixé sous la lésion et transmet les mouvements commandés par le cerveau.
L'un des singes a retrouvé une partie de l'usage de sa patte paralysée dès la première semaine suivant la pose des implants, sans aucune thérapie.
Le deuxième singe a eu besoin de deux semaines pour arriver au même résultat.
Selon le scientifique Andrew Jackson, de l'université de Newcastle (GB), cité par la revue Nature, il est possible "que l'on puisse assister aux premiers essais cliniques" sur l'homme "d'ici la fin de cette décade".
Les résultats de cette expérience sur les singes sont publiés mercredi dans la revue Nature.
"Le primate a pu marcher immédiatement, dès que l'interface cerveau-moëlle épinière a été activée. Aucune physiothérapie ni entraînement n'ont été nécessaires", a déclaré le neuroscientifique Erwan Bezard de l'université de Bordeaux (France), qui a supervisé les expériences sur les primates.
Selon les scientifiques, l'interface devrait aussi fonctionner pour des lésions plus sévères de la moëlle épinière.
Pour des lésions partielles, le singe est capable de retrouver spontanément une mobilité complète après trois mois de réhabilitation.
"Le lien entre le décodage du cerveau et la stimulation de la moëlle épinière – de manière à ce que cette communication existe – est complètement nouveau", a poursuivi la neurochirurgienne Jocelyne Bloch de l'hôpital universitaire de Lausanne.
"Pour la première fois, je peux m'imaginer un patient complètement paralysé être capable de remuer ses jambes grâce à l'interface cerveau-moëlle épinière", a-t-elle affirmé.
L'interface a été conçue à l'École polytechnique fédérale de Lausanne et développée avec un réseau international incluant la société suisse Medtronic (technologies médicales), l'université américaine Brown University et l'institut de recherche allemand Frauenhofer ICT-IMM.
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