A 07H20, plus d'une heure avant la confirmation du succès du républicain, Mme Le Pen s'est adressée sur Twitter à M. Trump et aux Américains: "Félicitations au nouveau président des États-Unis Donald Trump et au peuple américain, libre!"
Alors qu'elle ne devait réagir que par communiqué, elle a finalement pris la parole dans l'après-midi depuis le siège du FN et elle doit aussi être interrogée dans le 20H00 de France 2.
La candidate d'extrême droite était une des rares personnalités politiques françaises à avoir choisi M. Trump. Mais comme le reste du FN, Mme Le Pen marchait sur des oeufs et préférait parler de "tout sauf Hillary", plutôt que d'un soutien à M. Trump, exprimé une seule fois en juillet.
Mais entourée de ses troupes à Nanterre, elle a expliqué que les engagements de M. Trump, "refus du Tafta, et plus généralement d'une mondialisation sauvage, pacification des relations internationales notamment avec la Russie, désengagement des expéditions belliqueuses à l'origine des grandes vagues migratoires dont nous sommes les victimes", seraient "bénéfiques" pour la France "s'ils sont tenus".
Celle qui veut faire mentir les sondages, qui l'annoncent qualifiée pour le second tour de la présidentielle en mai prochain mais largement battue, a vu la preuve dans le scrutin américain que "rien n'est immuable", malgré les "tentatives infructueuses de conditionnement de l'opinion".
Au rythme du basculement nocturne des États américains en faveur de M. Trump, ses proches s'étaient faits de plus en plus euphoriques. Louis Aliot, son compagnon, vice-président du FN, s'est réjoui du "bras d'honneur de l'Oncle Sam à une élite arrogante" en ce "jour anniversaire de la chute du mur de Berlin".
Mme Le Pen n'a pas manqué de le rappeler, la victoire de M. Trump est une réplique à grande échelle de plusieurs séismes européens. "Le référendum français en 2005, grec en 2015, les récents succès électoraux des patriotes dans différents pays d'Europe, le vote massif des Britanniques en faveur du Brexit."
'Ça vous rappelle pas quelqu'un?'
Avec Vladimir Poutine en Russie et désormais M. Trump à la Maison-Blanche, le FN, souvent accusé d'être isolé sur la scène internationale, pense avoir désormais à Washington un allié capital, même si le milliardaire américain n'a jusque-là pas affiché ouvertement de sympathie envers Mme Le Pen.
Le FN espère que cette élection surprise sera une répétition générale avant celle de Mme Le Pen au printemps prochain. Au second tour de la présidentielle française, "la volonté du peuple peut l'emporter face à l'ensemble d'un système coalisé", a tweeté le directeur de campagne de Mme Le Pen, le sénateur-maire de Fréjus (Var) David Rachline.
"Tout le système s'est mobilisé contre Trump (...) Ça vous rappelle pas quelqu'un?" a tweeté un autre vice-président, Steeve Briois.
Sans s'épargner une pique à sa fille sur la "dédiabolisation" qu'elle vante et qui est selon lui une "impasse", Jean-Marie Le Pen lui a aussi pronostiqué un succès prochain: "Demain la France!"
Cette perspective a inquiété mercredi matin l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, qui a jugé que Mme Le Pen "pouvait gagner en France". "Ce qui est possible aux États-Unis est possible en France", a aussi estimé son successeur sous Jacques Chirac, Dominique de Villepin. Et l'actuel occupant de Matignon, Manuel Valls, a dit dans l'après-midi devant l'Assemblée que la France n'était "pas à l'abri des risques" populistes.
Reste que la victoire du candidat républicain, comme le Brexit, porteurs d'incertitudes, pourraient avoir un effet négatif pour Mme Le Pen: en cas de résultats décevants, ses adversaires utiliseraient la présidence Trump comme repoussoir.
D'ores et déjà, Florian Philippot, vice-président du FN, a mis à profit ce résultat dans le combat politique français, s'en prenant aux responsables français qui "ont fait preuve d'irresponsabilité" en "insultant Trump".
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