Didier Tronche, président de l'Association calvadosienne pour la sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence (ACSEA), revient, ce mardi 8 novembre 2016, sur le recrutement d'un Hérouvillais de 24 ans, mis en examen pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte terroriste". L'individu a travaillé pendant plusieurs mois au contact d'adolescents placés dans le Calvados, alors même qu'il était fiché S.
Comment une personne avec un tel profil peut-il se retrouver à encadrer de jeunes pourtant placés sous la protection de l'ACSEA?
"Quand nous embauchons un salarié, quelle que soit la nature du poste, nous demandons un certain nombre d'éléments sur son parcours: un extrait de casier judiciaire, le B2, sur lequel il y a très peu de chose. Et pour tous les salariés et futurs embauchés qui sont dans des établissements de protection de l'enfance et protection judiciaire de la jeunesse, nous transmettons en amont à toute embauche, le CV, les diplômes et le B2 à l'autorité judiciaire. À savoir la Direction interrégionale de la protection judiciaire de la jeunesse qui, elle-même, a accès à des données qui ne nous sont pas connues. Ce n'est que lorsque nous avons l'autorisation d'embaucher que nous embauchons."
Jugez-vous qu'il y a un problème de recoupement des informations entre les différentes autorités?
"Oui. Cette affaire prouve qu'il n'y a pas de connexions entre le fiché S du ministère de l'Intérieur et les procédures du ministère de la justice. Nous-mêmes nous ne pouvons donc pas avoir accès à un certain nombre de données. Et aujourd'hui, nous pouvons regretter qu'il y ait un manque de communication entre les fiches S et les éléments du ministère de la justice. Et en plus, les fichés S ne sont pas forcément condamnés, ce qui était le cas de la personne au coeur de cette affaire. D'où un casier judiciaire vierge pour nous."
Hérouville Saint Clair. Normandie: comment un fiché S peut-il encadrer des jeunes?
Pensez-vous qu'il puisse y avoir d'autres fichés S dans vos services?
"Rien ne nous prouve que nous n'ayons pas d'autres embauchés qui soient fichés S. Il y a urgence, compte tenu de nos missions qui visent à protéger des populations mineures et de jeunes adultes, à trouver une procédure qui nous mette à l'abri de ces situations. C'est pour ça que quand nous avons appris que cette personne était fichée S, nous avons immédiatement mis fin à son contrat de travail. C'est une problématique d'ensemble qui ne concerne pas qu' Hérouville. Nous ne pouvons pas courir le risque d'embaucher de telles personnes pour les mettre ensuite au contact de jeunes qui doivent être protégés."
Travaillez-vous avec la préfecture pour améliorer cette situation?
"Le directeur de l'ACSEA a déjà été reçu par le cabinet du préfet fin octobre 2016 à ce sujet, pour mettre en place des procédures qui doivent être réglementées. Nous n'allons pas transmettre des fichiers sans qu'une procédure ne soit définie. Je vais moi-même demander une audience au préfet pour régler ce problème".
Avez-vous eu des soupçons le concernant pendant un an?
"Non, aucun. C'est lorsque son interpellation en août dernier a été mise en avant dans la presse que nous avons fait le lien. Nous n'avons eu aucune remontée de la part de collègue ou de la part des jeunes."
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