Qui ne s'est pas un jour faite siffler dans la rue, accoster un soir en rentrant ou insulter pour ne pas avoir répondu à des avances faites par un inconnu ?
Le harcèlement trop souvent vécu comme une banalité
Ces situations paraissent presque banales. Pourtant, elles constituent un phénomène que dénonce aujourd'hui le Collectif des Salopettes, dont trois jeunes Rouennaises sont à l'origine. " Le harcèlement de rue, c'est précisément le fait que les filles, souvent, ne puissent pas sortir sans se prendre un commentaire ou se faire entre guillemets draguer, détaille Mathilde, l'une des fondatrices. Même si n'est pas le fait d'une même personne, c'est tellement répétitif que cela devient du harcèlement."
La difficulté est que la plupart des victimes ne se rendent pas compte de ce qu'elles vivent. "Pour Amélie (à l'origine du projet), le déclic est venu en rentrant d'un an passé au Pays-Bas, raconte Mathilde. Elle a réalisé qu'il y avait une vraie différence, un vrai problème."
Elle en parle à ses copines, dont Mathilde. "En rentrant d'Angleterre, je me suis aussi pris une grosse claque. J'avais passé deux ans sans jamais me faire embêter dans la rue. Ça m'a fait réaliser que j'avais, sans m'en rendre compte, intégré plein de choses qui n'étaient pas normales."
Libérer la parole
Les trois amies fondent donc le Collectif des Salopettes, "pour le vêtement, qui sert aussi bien pour les hommes que pour les femmes, et aussi parce qu'il y a "salope" dedans. C'est le moyen de se réapproprier cette insulte qui ressort souvent", explique Mathilde.
L'objectif est d'engager le dialogue. "Le fait qu'on se montre prouve aux filles qu'elles ne sont pas seules et que ce genre de situations n'arrivent pas qu'à elles", souligne Mathilde.
Elles commencent par organiser des soirées débats sur des thèmes tournant autour de l'égalité homme-femme. "Mais nous nous sommes vite rendues compte que nous nous adressions toujours un peu aux mêmes personnes, déjà convaincues."
Une boîte à réponses
Le collectif développe alors des actions plus pédagogiques. Elles sortent dans la rue, et interpellent les gens avec une pancarte "Dans la rue, on m'a dit joli p'tit cul. Quelle réaction ?" pour ouvrir la discussion. Elles mettent également en place des ateliers BD, dans lesquels les participants doivent remplir les bulles ou dessiner la fin d'un épisode relatant une situation de harcèlement.
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"L'idée est d'aborder le sujet sans dramatiser et en apportant des solutions", explique Mathilde. Ces initiatives s'adressent aussi bien aux filles qu'aux garçons. "Notre objectif étant de sensibiliser, d'éduquer, nous souhaitons aussi développer des actions dans les collèges et lycées."
Parmi les projets qui trottent dans la tête du collectif, une "banque de réponses" pour déstabiliser et pourquoi pas faire un peu réfléchir. On vous lance un "t'as un 06 ?", vous répondez "non et toi", ou un "ça a déjà marché un jour cette technique ?"
De quoi donner du répondant à ceux qui "ne voient pas où est le problème de lancer à une fille qui passe devant eux qu'elle est jolie. Quand tu es dans la rue, c'est pour aller d'un point A à un point B, pas pour se faire draguer, rappelle Mathilde avant de reconnaître "qu'il y a encore du boulot !"
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"pour aller d'un point A à un point B" quelle caricature !
Je suis certainement un "harceleur" en puissance.
Il m'arrive de parler à des inconnues, pire...d'en aborder. Suis je un harceleur ?
Mes numéros, rendez-vous et embrassades... je suis quoi un agresseur ?
Ces femmes avec qui même nous avons fait plus que s'embrasser...je suis quoi ? hein
Quand j'aborde une femme à la terrasse d'un café, ou je suis, en lui disant "ne vous rongez pas les ongles" je suis un agresseur verbal ?... tellement mal élevé que nous sommes resté 9 mois ensemble.
Quand une magnifique femme que j'aborde dans la rue me dit, à ma question de se revoir "C'est non. Mais, en tout cas j'aime beaucoup la façon dont t'es venu me parler"...je suis quoi un laveur de cerveau ?
Quand j'aborde une femme lisant sur un banc et que nous restons 4h à discuter... je la séquestre ?
et d'autres.
Chacun a sa frustration.
Etre mal élevé c'est d'interpeller plutôt qu'aborder.
Etre mal élevée, aussi, c'est caricaturer l'existence d'un point A à un point B.
... je sais être mal élevé
La vache Pat, tu as élevé le fait d'importuner les femmes dans la rue au niveau de sport de compétition. Juste 4 dans ton commentaire qui son restées béates devant ton tact et tes manières; mais 4 sur combien de tentatives infructueuses et dérangeantes? Combien de femmes gênées par ta démarches mais qui ne s'en plaindront pas directement par peur que cela déclenche une réaction violente ? Après tout, elles ne te connaissent pas, elles ne savent pas de quoi tu es capable... Tu défends juste le droit à considérer la rue comme ton terrain de chasse. Ton manque de remise en question est une part du problème.