Selon les résultats définitifs, "El Comandante", l'un des chefs de la guérilla ayant mené la révolution sandiniste en 1979, a remporté 72,5% des suffrages, loin devant les 15% de Maximino Rodriguez, avocat de 55 ans du Parti libéral constitutionnaliste (PLC, droite).
Des centaines de partisans du président sortant, qui fêtera ses 71 ans le 11 novembre, ont célébré dans les rues de la capitale Managua cette nouvelle victoire du Front sandiniste de libération nationale (FSLN, gauche), particulièrement populaire parmi les classes modestes qui ont bénéficié de ses programmes sociaux.
Le FSLN a aussi raflé environ les deux tiers des sièges du Parlement lors de ce scrutin qui était également législatif.
L'opposition a refusé de reconnaître ces résultats, dénonçant une abstention supérieure selon elle à 70%, bien plus que le chiffre officiel de 31,8%.
"Nous ne reconnaissons pas les résultats de cette farce et avec la force de la volonté manifestée par le peuple du Nicaragua, nous déclarons (ces élections) nulles", a lancé la dirigeante de la coalition d'opposition du Front large de la démocratie (FAD), Violeta Granera.
Sur la côte Caraïbe, des incidents ont éclaté entre plusieurs centaines de manifestants de l'ethnie miskito et la police dans la ville de Bilwi, a déclaré à l'AFP par téléphone le maire de cette ville, Reynaldo Francis.
Les manifestants, mécontents du résultat local des élections législatives, ont lancé des pierres sur les policiers, qui ont utilisé des gaz lacrymogènes. Selon le maire, il y aurait eu plusieurs blessés et plusieurs arrestations.
L'opposition avait appelé au boycott du scrutin en l'absence d'observateurs internationaux et après avoir vu ses chances anéanties par la décision en juin de la Cour suprême de justice (CSJ) d'interdire à son leader Eduardo Montealegre de représenter le Parti libéral indépendant (PLI, droite), deuxième force politique de la présidentielle de 2011.
A sa place, la CSJ avait nommé un proche du pouvoir, Pedro Reyes, qui a immédiatement dissous la coalition prévue par le PLI pour ce scrutin.
Aux Etats-Unis, le département d'Etat, qui avait manifesté son inquiétude pendant la campagne, s'est dit lundi "profondément préoccupé par le processus électoral présidentiel et législatif imparfait au Nicaragua, qui a empêché la possibilité d'une élection libre et juste".
"La décision du gouvernement nicaraguayen de ne pas inviter d'observateurs internationaux indépendants a dégradé encore plus la légitimité de cette élection", a estimé Washington.
En revanche, le président cubain Raul Castro et le président vénézuélien Nicolas Maduro ont félicité Daniel Ortega pour sa réélection, de même que les gouvernements du Mexique et du Salvador.
Après avoir voté à Managua, le président Ortega s'est félicité d'un "vote pour la paix, pour la sécurité du peuple nicaraguayen", et son épouse Rosario Murillo a jugé le scrutin "exemplaire".
Rosario Murillo future présidente ?
L'opposition dénonce la volonté du dirigeant, dont des fils sont placés à des postes économiques clés, d'imposer un népotisme comme la famille Somoza qui a régné sans partage de 1934 jusqu'à la révolution de 1979.
D'autant que son épouse Rosario Murillo, femme excentrique et omniprésente de 65 ans, sera désormais vice-présidente. A eux deux, ils forment un tandem présidentiel comparé par leurs détracteurs à Frank et Claire Underwood, le couple impitoyable de la série "House of Cards".
Militante sandiniste dans les années 1970 et mère de dix enfants, cette poétesse connue pour son style autoritaire est affublée du surnom de "sorcière".
"Au cours des dix dernières années, Mme Murillo a rempli à de nombreuses occasions les fonctions de chef de l'Etat", explique à l'AFP la chercheuse universitaire mexicaine Veronica Rueda Estrada, experte sur le Nicaragua.
Elle pourrait même "devenir la présidente en cas d'incapacité" de son mari ou se "préparer" à lui succéder à la prochaine élection.
Déjà président de 1985 à 1990, Daniel Ortega a été réélu en 2006 et en 2011, avant de faire modifier la Constitution pour autoriser la réélection illimitée du président.
Ces dernières années, il a renforcé son pouvoir politique et économique en s'alliant au patronat, bénéficiant du soutien du Venezuela, qui a lui a versé près de 4,8 milliards de dollars entre 2007 et le premier semestre 2016, selon les chiffres officiels.
Une manne qui a financé notamment des programmes sociaux ayant permis de réduire le taux officiel de pauvreté de 42,5% à 29,6% entre 2009 et 2014. Mais désormais Caracas, en pleine crise économique, a réduit son soutien.
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