A la veille de l'élection de son successeur, et à moins de trois mois de son départ de la Maison Blanche - où il a travaillé et vécu huit ans - ce rassemblement sur l'immense pelouse de l'Independence Mall, prenait un relief particulier.
Devant plusieurs dizaines de milliers de personnes réunies dans le froid vif d'une soirée d'automne, le 44e président des Etats-Unis est à l'aise, très à l'aise.
Tour à tour grave, combatif et léger, il manie l'humour, joue des silences pour mieux capter son audience, fait oublier les deux téléprompteurs placés de chaque côté de la scène.
S'il semble savourer ses derniers moments dans la lumière, celui qui sera bientôt "ex-président", à 55 ans seulement, laisse aussi parfois poindre un peu de nostalgie.
"Il y a huit ans, je vous ai demandé à tous de me suivre dans une aventure", lance-t-il, devant un immense drapeau, appelant l'Amérique à faire la même démarche pour son ancienne secrétaire d'Etat.
Espoir
Après avoir vanté les progrès accomplis lors de ses deux mandats, il prend la défense de celle qui espère lui succéder et dénonce "les attaques vicieuses" contre la candidate démocrate.
Puis, marquant une pause, comme pour prendre du recul, il évoque la question que lui a posé une journaliste cette semaine: croit-il toujours à l'espoir qu'il évoquait dans son discours de victoire, il y a huit ans presque jour pour jour (4 novembre 2008), à Chicago ?
"La réponse est oui, je crois toujours à l'espoir", répond-il, en détachant chacun de ses mots.
"En 2008, vous m'avez donné une chance. Vous avez parié sur moi (...) Je parie que demain vous allez rejeter la peur et choisir l'espoir".
La Pennsylvanie est un Etat-clé du scrutin présidentiel. Mais la force symbolique du lieu est évidente. C'est dans cette ville que fut ratifiée la Déclaration d'indépendance des Etats-Unis, il y a 240 ans.
"Philadelphie", lance-t-il soudain solennel, "en ce lieu, les pères fondateurs ont construit la liberté. Si vous partagez ma foi (dans la démocratie), je vous demande de voter".
'Je suis un peu ému'
"Je suis un peu ému", avait-il lancé quelques heures plus tôt devant des milliers d'étudiants rassemblés à l'université du Michigan, évoquant cette dernière journée de campagne à sillonner l'Amérique.
Lors d'un autre rassemblement, dans le New Hampshire, il évoquait aussi les débuts de sa campagne de 2008. "J'étais un type tout maigre avec un drôle de nom. Quand je regarde les photos de moi au micro à l'époque, je faisais vraiment très jeune...".
Habile, il invite parfois la foule à reprendre les refrains de 2008, "Yes we can !" en tête.
La référence, qui vise à mobiliser son électorat en faveur d'Hillary Clinton, suscite immanquablement une ovation. Elle rappelle aussi - cruellement - le décalage entre la vague d'enthousiasme que la campagne "Obama '08" avait suscitée, et le peu d'entrain que génère celle de l'ancienne secrétaire d'Etat.
Tous les discours d'Obama comportent aussi un hommage appuyé à Michelle Obama, qui soulève les foules mais répète sur tous les tons qu'elle n'est pas tentée - du tout - par l'aventure politique.
Cette dernière, non plus, n'a pas caché son émotion lundi soir.
"A de nombreux égards, c'est un moment très particulier pour moi. Parler ici ce soir est peut-être la dernière chose, et la plus importante, que je puisse faire pour ce pays en tant que Première dame", a-t-elle déclaré d'une voix fragile.
"Demain, nous avons l'occasion d'écrire une autre page d'histoire", a-t-elle ajouté, avant d'accueillir son mari sur scène: "Mesdames et messieurs, voici l'amour de ma vie, le président des Etats-Unis Barack Obama".
Les époux Obama et Clinton ont terminé tous les quatre ensemble, saluant longuement la foule.
Pour Barack Obama, ce discours de veille d'élection ressemblait aussi un peu à des adieux.
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