- Dati menace Hortefeux: "Salut le facho"
Le 11 septembre 2013, la députée européenne adresse une rafale de textos rageurs à Brice Hortefeux, son collègue à Strasbourg. "Salut le facho. Je t'ai entendu dire à ton OS (officier de sécurité) que tu allais me faire +sauter+ la pseudo-facilité de passage que j'aurais à l'aéroport." L'ancienne garde des Sceaux a mis Nicolas Sarkozy en copie: "Soit tu me lâches soit je vais déposer l'assignation qui date de 2 ans dans laquelle tu figures avec d'autres pour atteinte à ma vie privée et écoutes illicites, mise en danger de la vie de ma fille", lance-t-elle à Brice Hortefeux, dont le téléphone est sur écoute. "De plus je vais dénoncer l'argent liquide que tu as perçu pour organiser des rdv auprès de sarko lorsqu'il était président."
Elle est rappelée par Michel Gaudin, alors directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, lui aussi en copie, lui aussi sur écoute: "Je relisais ton message là... il faut quand même que tu fasses gaffe." Interrogée sur BFMTV dimanche, Rachida Dati a mis ces messages sur le compte de "très mauvaises relations" à l'époque avec Brice Hortefeux. "Elle a dit dans Mediapart que c'était des +conneries+. Dont acte", a-t-il répondu de son côté à l'AFP, sans autre commentaire.
- Djourhi demande 10.000 euros "tout de suite" à un député
"Alain t'es occupé ou quoi?": le 4 décembre 2013, l'influent homme d'affaires Alexandre Djouhri, au coeur des réseaux sarkozystes et chiraquiens, appelle l'un de ses contacts réguliers, le député LR Alain Marsaud, ancien magistrat antiterroriste. Mais l'élu se trouve "avec le ministre des Affaires étrangères" Laurent Fabius. "Est ce que tu peux me filer tout de suite 10.000 euros? en billets de 100?", demande pourtant Alexandre Djouhri, sur écoute.
"Nan! nan je peux pas te filer 10.000 euros en billets de 100 tout de suite (…) il faut que je passe à ma banque, tu crois pas que j'ai 10.000 euros sur moi nan?", répond le député, selon la retranscription des enquêteurs.
Djouhri insiste et les deux hommes conviennent de se rappeler. Le 5 décembre, Alexandre Djouhri propose de l'attendre en voiture devant l'assemblée à 12h30. "Oui bah je viens.. je vais te donner le pognon bah oui...", dit Alain Marsaud au téléphone. Et d'ajouter: "On peut déjeuner avec mon pognon alors." Contacté par l'AFP, le député a mis cette demande de liquidités sur le compte de l'amitié, disant connaître M. Djouhri depuis 1988. "C'est à 99% à usage alimentaire, pour aller au restaurant ou pour boire un coup", a-t-il ajouté.
- Un poste pour Christian Flaesch?
Depuis fin 2013, Christian Flaesch, l'ancien patron de la police judiciaire parisienne a dû faire ses bagages. Il a été limogé par le gouvernement de Manuel Valls, parce qu'il a renseigné Brice Hortefeux sur son audition à venir dans l'enquête sur la plainte de Nicolas Sarkozy contre Mediapart à propos de la diffusion d'une note accréditant le financement libyen.
Le 13 février 2014, un ancien conseiller de Claude Guéant, Hugues Moutouh, contacte Michel Gaudin. Christian Flaesch est "concurrent pour un poste à Air France". "Pas la peine de dire tout ce qu'il a fait pour nous...voilà", dit M. Moutouh, qui n'a pas souhaité répondre à l'AFP. "Je pense qu'il faudrait un petit...un petit soutien de notre part", ajoute-t-il. "J'en parle au président", répond Michel Gaudin.
Huit jours plus tard, ce dernier appelle Nicolas Sarkozy. "J'ai passé un petit coup de fil à Alexandre de Juniac", alors PDG du groupe "en votre nom, pour dire que ce serait bien qu'il se montre bienveillant..."
"D'accord d'accord d'accord...", semble évacuer Nicolas Sarkozy. Au final, Christian Flaesch n'obtiendra pas le poste convoité et sera embauché pour diriger la sécurité du groupe hôtelier Accor. Depuis, il a été mis en examen dans l'enquête sur Bernard Squarcini, soupçonné d'avoir livré des informations secrètes sur une enquête à l'ancien patron du renseignement.
"M. Flaesch a toujours été un excellent fonctionnaire", a répondu Michel Gaudin, ancien haut patron de la police, à l'AFP. "Ceux qui ont bien travaillé avec moi, si on me demande mon avis, je dis que ce sont des personnes de qualité."
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