Seule certitude, le résultat de la primaire écologiste, qui devrait être annoncé vers 19h au siège du parti, est totalement imprévisible.
"Je serais bien en difficulté de faire un pronostic", lançait ces derniers jours David Cormand, secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), peut-être échaudé comme bon nombre d'observateurs par l'élimination sèche de l'ancienne ministre Cécile Duflot, la figure la plus médiatique, dès le premier tour.
Les eurodéputés Yannick Jadot, 49 ans et Michèle Rivasi, 63 ans, reconnaissent eux-mêmes développer "le même projet, avec quelques nuances dans les solutions que chacun veut mettre en avant", dixit M. Jadot, qui était arrivé en tête le 19 octobre avec 35,61% des suffrages, devant Mme Rivasi (30,16%).
Mais ils divergent sur le sens de la candidature EELV: pour M. Jadot, il est déjà acquis que la France n'enverra pas un écologiste à l'Elysée en 2017, et il en va de la "crédibilité" du parti de le dire. Selon lui, cette candidature est une première étape pour "construire les victoires" aux prochaines échéances, à commencer par les législatives de juin.
Mme Rivasi en revanche refuse de partir battue: "si les gens sont déçus par la droite, déçus par la gauche, et qu'on apporte des solutions, qu'on arrive à convaincre (...) pourquoi on ne gagnerait pas ?", a-t-elle fait valoir lors du débat de l'entre deux tours.
Qualifiée contre toute attente pour ce deuxième tour, elle se veut toujours portée par le même souffle, et assure que "tout est ouvert, tout est possible".
"On n'a pas eu d'oppositions picrocholines montées en épingle", se satisfait Julien Bayou, porte-parole d'EELV. "On a fait la preuve que l'on pouvait débattre du fond sur un projet commun, ce qui est parfois assez déroutant pour les sympathisants", ajoute-t-il.
Pour se démarquer, Mme Rivasi a insisté sur "l'urgence sociale", en souhaitant "partir des gens" dont elle écoute "la déshérence".
De son côté, M. Jadot, qui s'est fait remarquer la semaine dernière par une vibrante harangue au Parlement européen contre le traité de libre-échange CETA, a répété qu'il souhaitait redonner "sa crédibilité à l'écologie politique", "une écologie qui agit, construit et gagne".
Avant la chasse aux parrainages
Faisant jeu égal sur les soutiens de marque - José Bové s'est prononcé pour M. Jadot, Eva Joly pour Mme Rivasi - les deux candidats ont dû aller récupérer les voix qui s'étaient portées sur Cécile Duflot et Karima Delli au premier tour, en espérant aussi mobiliser les abstentionnistes, puisque 12.300 personnes ont voté il y a deux semaines, sur les 17.000 inscrits.
La participation s'annonçait d'ailleurs en légère hausse puisque dès vendredi, "plus de 11.000 bulletins" avaient été reçus selon M. Cormand.
Le plus dur restera ensuite à faire pour EELV, crédité d'un score inférieur à 3% dans les sondages pour la présidentielle quel que soit son candidat.
Cela commencera par la chasse aux 500 parrainages nécessaires pour pouvoir déposer la candidature à la présidentielle, à collecter avant la mi-mars - que les deux candidats ont assuré vouloir mener ensemble, quel que soit le gagnant.
"Je suis à la fois inquiet et optimiste", explique David Cormand. Vu que quelque 40.000 élus sont habilitées à donner leur parrainage, "je pense qu'il est raisonnable de penser que 500 voudront appuyer notre candidature", poursuit-il.
"Même si l'on a perdu pas mal d'élus, on a une connaissance pointue des territoires qui va nous permettre d'aller chercher ces parrainages", veut aussi croire M. Jadot.
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