Sous escorte très discrète, les prisonniers de douze nationalités incarcérés en Italie, ainsi que 35 prisonniers venus spécialement d'Espagne, ont participé dimanche dans la basilique Saint-Pierre à une messe spécialement dédiée à leur "jubilé", une première.
Si certains sont en liberté surveillée ou en permission, d'autres purgent des peines à perpétuité, comme un détenu qui a pris la parole dans la basilique en tenant par l'épaule la mère du jeune homme de 15 ans, Andrea, qu'il avait assassiné.
"Je suis un condamné à vie, incarcéré depuis 25 ans", a annoncé l'homme habituellement enfermé dans la prison de haute sécurité d'Opera, près de Milan (nord).
"J'ai ressenti des sentiments d'horreur et de rage envers celui qui avait pris la vie de mon jeune fils", a témoigné la mère, Elisabetta, qui a fini par participer à un programme de rencontres entre victimes et condamnés. "Ce ne fut pas facile", a-t-elle glissé, émue.
"Elle est venue en prison nous jeter sa rage", raconte le détenu. Puis, dans une démarche guidée par leur foi, ils se sont rapprochés dans leur "douleur". En mars, pour sa première permission en 24 ans, le détenu s'est rendu devant la tombe de sa victime et a été accueilli chez Elisabetta.
Quelque 3.000 autres personnes étaient aussi conviées, les familles mais aussi le personnel des prisons. Roberta, inspecteur de police pénitentiaire, a remercié le pape d'avoir mis l'accent sur le monde carcéral, "une reconnaissance de mon rôle et de ma profession".
'Pourquoi eux et pas moi'
Après ces témoignages, le pape, qui a régulièrement rendu visite à des détenus à l'Italie comme à l'étranger, a fait son entrée dans la basilique devant ses inhabituels invités.
Dans ce cadre solennel et recueilli, il a rappelé son sentiment lors de ces visites: "chaque fois que je vais dans une prison, je me demande pourquoi eux et pas moi, nous avons tous la possibilité de nous tromper".
Dans son homélie, il a exprimé un message "d'espoir" en l'avenir, en répétant que "l'espérance est un don de Dieu". Il a conseillé aux condamnés de ne pas "s'enfermer dans leur passé" et prôné "la réconciliation" avec les victimes.
Le pape a aussi critiqué le difficile parcours vers la réinsertion: "Parfois, une certaine hypocrisie porte à voir en vous uniquement des personnes qui ont commis une faute, pour lesquelles l'unique voie est celle de la prison".
"On oublie que nous sommes tous pécheurs et que, souvent, nous sommes aussi des prisonniers sans nous en rendre compte", a ajouté le pape, l'occasion de décrire sa vision d'une société "enfermée" dans les préjugés, les schémas idéologiques, la loi des marchés financiers et l'individualisme...
Les détenus, qui avaient l'option samedi de se confesser, participaient dimanche à la messe en prononçant des textes liturgiques choisis: "le seigneur nous libérera du malin", a ainsi lu un jeune détenu.
La cérémonie était ponctuée par les chants d'une chorale de prisonniers de Bologne (nord), les hosties avaient été fabriquées dans la prison de Milan.
Comme souvent, le pontife argentin a réservé ses appels à la société civile, juste après l'Angelus célébré dans la foulée sur la Place Saint-Pierre.
François a suggéré des actes de "clémence" envers certains détenus et plaidé pour une justice "qui ne soit pas exclusivement punitive". Il a aussi réclamé une amélioration des conditions de vie dans les prisons pour que "la dignité humaine soit pleinement respectée".
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