"Je suis le seul à proposer un programme de transformation radicale pour le pays, de tous les candidats, c'est moi qui vais le plus loin", assure l'ancien Premier ministre au fil de ses déplacements, comme vendredi soir à Saint-Brieuc (Côtes d'Armor), où plus de 600 personnes étaient venues l'écouter.
Economie, fiscalité, éducation, guerre contre le "totalitarisme islamique" (thème de son dernier livre, vendu à "50.000 exemplaires")... Le candidat, que les sondages placent à une troisième place éliminatoire du scrutin du 20 novembre, déroule les mesures sur lesquelles il travaille en profondeur depuis plus de deux ans.
Micro en main, le député de Paris parle en se déplaçant au milieu du public, sans pupitre ni estrade. Sa martingale pour convaincre: pédagogie, clarté, concision.
Après un discours sans note vient une séance de questions-réponses, pas toujours simple. "Avant, on me demandait: qu'est ce que vous proposez ? Maintenant les questions sont plus pointues", remarque-t-il auprès de journalistes.
Vendredi soir, il lui a fallu répondre aux interrogations de Briochins sur le Tafta (ou TTIP), le traité de libre-échange entre l'Union européenne et les Etats-Unis en négociations (il préconise "l'arrêt" provisoire des discussions et dénonce "la domination du dollar"), sur l'absence de syndicats dans l'armée, ou sur la Cour européenne des droits de l'Homme, qui a condamné la France à plusieurs reprises en 2016, pour non reconnaissance d'enfants nés à l'étranger par GPA (gestation pour autrui).
"La CEDH se mêle de plus en plus de questions de société, qui font notre identité. On ne peut pas l'accepter. Je proposerai que la France quitte la CEDH" tant que ces questions ne seront pas réglées, a-t-il prévenu sous les applaudissements.
Malgré - ou peut-être à cause - de sa réputation de "sérieux" ("je ne viens pas vous promettre la lune", reconnaît-il), M. Fillon est longtemps resté autour des 10% dans les intentions de vote, parfois à la quatrième place, derrière Bruno Le Maire.
Mais les deux premiers débats entre les sept concurrents lui ont profité: même Nicolas Sarkozy assure que son ancien Premier ministre a été "bon" à ces occasions. Il perce désormais à 15% d'intentions de vote.
'Comme s'il avait déjà gagné'
C'est bien mais insuffisant: un tel résultat ne lui permettrait pas d'accéder au second tour de la primaire, le 27 novembre. Alain Juppé (40% d'intentions de vote) continue de faire la course en tête, suivi de Sarkozy (26%).
A qui prendre des voix? Au maire de Bordeaux, à l'ex-chef de l'Etat, aux deux? "On s'est longtemps dit que Juppé était trop haut. Mais les intentions de vote en sa faveur se tassent aujourd'hui", veulent croire les fillonistes. "Il fait comme s'il avait déjà gagné. Il en est à composer ses équipes. Et ça, ce n'est pas bon", averti l'un d'eux.
Quant à l'ancien président, "la magie n'opère plus", disent les mêmes. "Il reste à Sarkozy l'électorat discipliné, mais ce n'est pas un socle de second tour."
"Fillon a été la révélation inattendue du premier débat, confirmée au deuxième, grâce à sa posture d'homme calme et posé, qui maîtrise ses sujets", analyse Jean-Daniel Lévy, directeur du département opinion d'Harris interactive. "A priori, il a intérêt à essayer de grappiller des points à Sarkozy", ajoute le politologue.
A l'approche du premier tour, François Fillon, visiblement blessé par certaines défections, comme celle de la président de la région Ile-de-France Valérie Pécresse pour Alain Juppé, compte accélérer.
Ce passionné de course automobile (l'ancien maire de Sablé-sur-Sarthe assiste tous les ans aux 24 heures du Mans) dit souvent qu'"il n'est pas nécessaire de partir le premier, il faut savoir mettre le paquet au bon moment". Il lui reste 15 jours pour enclencher le turbo.
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