En ce moment

Quitter Mossoul, la tragédie des déplacés "pris entre deux feux"

Quand il a vu les forces irakiennes arriver au loin, Abou Fahad s'est emparé du foulard que son père portait sur la tête, en a fait un drapeau blanc de fortune et s'est rué dehors pour faire sortir sa famille de Mossoul.

Quitter Mossoul, la tragédie des déplacés "pris entre deux feux"
Un homme qui a fui les combats entre forces irakiennes et l'EI attend de retrouver ses proches dans un camp de réfugiés dans la région de Khazir, entre Erbil et Mossoul, le 5 novembre 2016 - BULENT KILIC [AFP]

Quarante membres de sa famille ont réussi à quitter la ville "en avançant doucement, se cachant dans des escaliers ou rasant les murs des maisons", raconte-t-il à l'AFP depuis la tente d'un camp de déplacés où il a rejoint des cohortes de familles fuyant les combats contre le groupe Etat islamique (EI).

C'est "pris entre deux feux", celui des jihadistes et celui des forces irakiennes qui tentent d'avancer dans l'est de Mossoul, qu'Abou Sara est également parti.

Lui aussi a quitté le quartier de Samah, dans l'est de Mossoul, avec dans les bras son dernier né âgé d'à peine 15 jours.

"Il y avait des snipers qui tiraient, des mortiers qui tombaient, c'était un véritable enfer, une tragédie totale", raconte-t-il.

"On a marché plusieurs kilomètres, en emportant seulement les habits qu'on portait et des drapeaux blancs qu'on a brandis sur tout le chemin", poursuit cet Irakien de 34 ans.

A côté de lui, sa cousine Oum Moustafa caresse son ventre arrondi de femme enceinte et n'en revient toujours pas d'en avoir fini avec plus de deux ans sous la coupe de jihadistes "qui nous ont cachées sous des niqabs", ces voiles noirs qui couvrent les femmes de la tête aux pieds.

Aujourd'hui, dans sa robe bleue assortie à son foulard, cette mère de sept enfants sourit.

"On revient à la vie, enfin", dit-elle en couvant du regard sa progéniture, qui joue dans les graviers à ses pieds.

'C'est péché'

Oum Khaled tient fermement la main de son petit-fils, qui a subi l'ire des jihadistes parce que sa coiffure ne leur convenait pas.

"Ils lui ont tiré les cheveux en lui disant +tu dois couper ça, car avoir les cheveux longs pour un garçon, c'est vouloir imiter les filles et ça, c'est péché+", raconte cette Irakienne de 63 ans, en mimant la scène.

Sous le règne de l'EI, "la vie s'est arrêtée" dans Mossoul, une ville de plus d'un million d'habitants dont la plupart sont encore piégés à l'intérieur, témoigne Abou Ahmed, 60 ans.

"Plus aucune usine ne fonctionnait, il n'y avait plus de travail, plus d'argent", raconte cet employé dans le secteur du pétrole au chômage technique depuis l'arrivée des jihadistes dans la deuxième ville d'Irak en juin 2014.

Assis près de robinets installés à l'intersection de quatre allées de tentes, en égrainant son chapelet, ce grand-père explique qu'il n'avait pas prévu de quitter Mossoul et son quartier d'al-Khadra.

Mais le jour où les combats ont gagné le quartier de Samah, "on dînait avec ma femme chez mes enfants", se rappelle-t-il. "On est resté avec eux tant que les bombardements étaient trop intenses pour fuir, puis on s'est échappé dès qu'on a pu et j'ai atterri ici".

"On a tout laissé derrière nous, maintenant on n'a plus que Dieu", lâche-t-il.

'Aucune nouvelle'

Abou Fahad, sa femme et leurs six enfants n'ont pas non plus eu le temps d'emporter quoi que ce soit.

Mais ils sont maintenant à l'abri, alors que certains membres de leur famille sont restés à Mossoul. "J'ai encore deux soeurs dans le quartier d'Al-Karama", où se déroulent actuellement des combats, "et je n'ai aucune nouvelle d'elles", affirme cet homme de 32 ans.

"Il n'y a pas de réseau téléphonique là-bas et le seul endroit où on capte, c'est sur les toits, mais en haut, il y a les snipers", se lamente cet Irakien vêtu d'une chemise gris pâle et d'un pantalon perle qui tombe sur des sandales.

Par des voisins qui sont parvenus à sortir après lui, il a appris que cinq personnes du quartier avaient été tuées par des frappes aériennes, des tirs d'obus ou des explosions de voitures piégées conduites par des kamikazes de l'EI.

Les voitures piégées, c'est ce qui inquiète Oum Khaled. Chaque jour, elle appelle l'armée pour savoir si c'est près de chez elle que l'un de ces engins a explosé. Quand elle était encore à Mossoul, elle était ce que dans leur jargon les militaires appellent une "source".

Quand ces derniers voulaient savoir où se trouvaient les voitures piégées de l'EI, "ils décrochaient".

"Mais aujourd'hui, tous leurs téléphones sont éteints".

Galerie photos

Newsletter

Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

En direct
Petites Annonces
Immobilier
Maison à vendre Carantilly
Maison à vendre Carantilly Carantilly (50570) 120 600€ Découvrir
Maison à rénover
Maison à rénover Saint-Pair-sur-Mer (50380) 402 800€ Découvrir
Maison à vendre Notre-Dame-de-Cenilly
Maison à vendre Notre-Dame-de-Cenilly Notre-Dame-de-Cenilly (50210) 179 880€ Découvrir
Maison à vendre Saint-Martin-de-Cenilly
Maison à vendre Saint-Martin-de-Cenilly Saint-Martin-de-Cenilly (50210) 196 520€ Découvrir
Automobile
VAN AMENAGE toit relevable
VAN AMENAGE toit relevable La Remuée (76430) 42 000€ Découvrir
Grand C4 Spacetourer Blue HDi
Grand C4 Spacetourer Blue HDi Caumont-sur-Aure (14240) 16 500€ Découvrir
VOLKSWAGEN TRANSPORTER VAN AMENAGE VOLKSWAGEN T6 L1H1  Van
VOLKSWAGEN TRANSPORTER VAN AMENAGE VOLKSWAGEN T6 L1H1 Van Mont-de-Marsan (40000) 17 890€ Découvrir
CARAVANE CARAVELAIR BRASILIA 450
CARAVANE CARAVELAIR BRASILIA 450 Villeneuve-d'Ascq (59491) 2 800€ Découvrir
Bonnes affaires
Leica Q2 19051 à l'état neuf
Leica Q2 19051 à l'état neuf Lyon (69001) 2 900€ Découvrir
Razer Blade 17 Ordinateur Portable de jeu (PC GAMER+Casque+Souris) Neuf
Razer Blade 17 Ordinateur Portable de jeu (PC GAMER+Casque+Souris) Neuf Lyon (69001) 1 900€ Découvrir
Sonos Arc Set+3x ones+sub gen 3 (Neuf)
Sonos Arc Set+3x ones+sub gen 3 (Neuf) Lyon (69001) 1 900€ Découvrir
grand meuble etagères
grand meuble etagères Bacilly (50530) 70€ Découvrir
L'application mobile de Tendance Ouest
Inscrivez vous à la newsletter
Les pronostics avec Tendance Ouest
L'emploi avec Tendance Ouest
L'agenda des sorties de Tendance Ouest
Les concerts avec Tendance Ouest
Quitter Mossoul, la tragédie des déplacés "pris entre deux feux"