C'est désormais sur un autre camp que se tournent les regards: celui de Stalingrad, dans le nord de Paris, dont la population a subitement enflé et compterait "plusieurs milliers" de personnes selon la préfecture de région. Née dans l'improvisation comme celle de Calais (Pas-de-Calais), cette autre "Jungle" doit être évacuée d'ici la fin de la semaine.
Tantôt souriants, tantôt en pleurs, des femmes ou des couples avec enfants et 103 mineures isolées, hébergés au centre Jules-Ferry, un ancien centre aéré où furent distribués chaque jour 7.000 repas au plus fort de l'occupation de la "Jungle" mi-août, ont imité les quelque 6.000 autres migrants évacués depuis le 24 octobre.
Ils sont montés à bord de dix cars, avec leurs valises, quand les mineurs partis la veille n'avaient le plus souvent pour seul bagage qu'un petit sac à dos. Destination: des centres d'accueil et d'orientation (CAO, il en existe 450) disséminés un peu partout en France.
"Ce matin nous avons terminé la mise à l'abri des migrants", s'est réjoui sur place le sous-préfet de Calais, Vincent Berton, pour qui "tout s'est bien passé". Venue sur les lieux, la maire de la ville n'a pas, cette fois, caché sa satisfaction, tenant "à féliciter les organismes de l'État". "C'est un soulagement pour la population calaisienne qui a dû supporter la présence d'un nombre trop important de migrants", a affirmé Natacha Bouchart.
L'émotion était visible : dans cet espace clos jouxtant l'aire des tentes et où seules familles et personnes vulnérables pouvaient dormir, des liens forts s'étaient tissés entre les pensionnaires, parfois là depuis de longs mois, et le personnel de l'association gestionnaire, La Vie Active.
Comme la plupart des 1.616 migrants mineurs évacués la veille, beaucoup, dans ce dernier contingent, continuent de n'avoir qu'un seul but en tête.
Accompagné de sa femme et de ses deux enfants de cinq et six ans, Amid, un Kurde irakien d'une quarantaine d'années, s'est dit toujours déterminé "à rejoindre l'Angleterre", sans néanmoins revenir à Calais. "Je ne sais pas où on va, mais je suis en contact avec un avocat et j'ai bon espoir qu'on rejoigne le Royaume-Uni", a-t-il confié.
Des poupées dans le sable
Pour preuve de leur bonne foi, les autorités françaises et britanniques avaient fait monter à bord de chaque car deux agents du Home Office (ministère de l'Intérieur britannique). Les candidats sauront individuellement dans les prochaines semaines si leur transfert vers le Royaume-Uni est accepté par Londres.
Ces dernières semaines, 300 mineurs environ ont franchi la Manche avec un feu vert britannique. Mais les discussions sur ce sujet sont "souvent tendues avec nos amis britanniques", selon Manuel Valls
Les recalés pourront demander l'asile dans l'Hexagone. "80% de ceux qui étaient à Calais, venant de Syrie ou de la corne d'Afrique, auront droit à cet asile", a promis le Premier ministre, jeudi au Sénat. Les dossiers des mineurs, prioritaires, seront instruits dans des délais très courts - un maximum de trois semaines, selon la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio.
Dans les dunes retournées par les engins mécaniques de l'ex-"Jungle", seuls quelques stigmates indiquent une présence humaine encore récente: une chaussure, des poupées, des oignons... Invisibles auparavant, les mouettes ont fait leur retour, signe que la mer, et ses côtes anglaises, sont tout proches.
Dans la partie sud, les derniers édifices restés debout, école, église et mosquée, ont été démolis dans la journée. "Il n'y aura pas de réinstallation sur la lande (...) Plus personne ne pourra la rejoindre", avait martelé François Hollande mardi.
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