L'association L214, qui milite pour le bien-être animal et l'abolition de la consommation de viande, a diffusé jeudi de nouvelles vidéos-choc pour dénoncer les pratiques des abattoirs: en ligne de mire cette fois l'abattage de vaches en gestation, pratique courante qu'elle veut faire interdire.
Ces nouvelles vidéos ont été tournées en mai et septembre par Mauricio Garcia-Pereira, un employé de l'abattoir de Limoges révulsé par les foetus de veaux qu'il a vus arrachés du ventre de leur mère pour être jetés dans une benne à déchets au milieu des boyaux.
Cet immigré espagnol de 47 ans, qui a grandi dans une ferme en Galice et mange volontiers de la viande, "n'en peut plus", a-t-il expliqué à l'AFP. Il a donc décidé de s'allier à l'association pro-vegan L214 pour lancer l'alerte à visage découvert. Une première dans l'histoire de cette association dont les images dévoilant les souffrances animales et mauvais traitements dans certains abattoirs ou élevages ont parfois provoqué la fermeture temporaire des établissements concernés et abouti à la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire.
Les vidéos choquantes prises clandestinement par Mauricio Garcia-Pereira et diffusées jeudi sur le site internet de L214 prouvent que des vaches portant des veaux prêts à naître sont fréquemment abattues, estime l'association.
Or, "il est interdit de transporter des vaches au-delà du huitième mois" de gestation", a affirmé à l'AFP Brigitte Gothière, porte-parole de l'association. Selon elle, certains veaux figurant dans les vidéos "ont entre huit et neuf mois" car ils ont déjà des poils.
La législation européenne interdit en effet le transport des animaux "à compter de 90% du terme de la gestation, ce qui équivaut à huit mois pour une vache", précise-t-on au ministère de l'Agriculture. "Le transport est interdit à partir de huit mois, ce qui empêche de fait d'avoir un abattage à partir de ce moment là", analyse-t-on de même source, sans être en mesure de dire si l'abattoir municipal de Limoges a enfreint cette disposition législative.
Plaintes contre X... et contre l'abattoir
L214, qui a lancé une pétition pour faire interdire l'abattage des vaches gestantes "au moins lors du dernier tiers de leur gestation", a annoncé avoir déposé plainte contre X... jeudi auprès du Tribunal de Limoges pour établir la responsabilité éventuelle de l'abattoir, du transporteur, de l'éleveur et des services vétérinaires.
En France, 170.000 vaches gestantes sont abattues chaque année, selon l'association.
Ni la mairie, ni la direction de l'abattoir, interrogées par l'AFP, n'avaient réagi jeudi en début d'après-midi à ces images, initialement diffusées par le quotidien Le Monde sur son site en ligne, et à ces accusations.
Mauricio Garcia-Pereira, qui travaille depuis sept ans dans le plus grand abattoir municipal de France (300 à 500 bêtes par jour, 80 employés), se dit écoeuré par l'abattage de vaches pleines et de veaux presque à terme: "J'ai décidé de porter ce témoignage publiquement, en mon nom, parce que je n'ai rien fait de mal. Ne rien dire, c'est ça qui est mal!", a-t-il déclaré à l'AFP. "Nous sommes nombreux à être choqués de ce qu'on voit là bas. Mais aucun ne parlera, on a peur" d'être licenciés, insiste-t-il, disant s'attendre à subir un tel sort.
Sur la foi de vidéos réalisées par un autre employé de l'abattoir, qui a pour sa part souhaité rester anonyme, L214 a également porté plainte contre l'abattoir municipal de Limoges lui-même pour des "infractions répétées à la réglementation dans l'abattage et mauvais traitements sur animaux".
L'association reproche à l'abattoir un taux "inacceptable" d'étourdissements ratés sur des vaches et des cochons, ainsi que "l'utilisation de l'aiguillon électrique de façon systématique et sur des endroits qui sont interdits par la réglementation", indique Brigitte Gothière. La décharge électrique destinée à faire avancer les animaux ne devrait être utilisée qu'exceptionnellement, et uniquement sur l'arrière-train d'animaux adultes. Selon L214, à Limoges, l'aiguillon électrique est utilisé de manière systématique et sur d'autres parties du corps, "parfois même dans les yeux".
Depuis 2014, L214 diffuse régulièrement des vidéos montrant les souffrances animales dans certains abattoirs ou élevages, notamment dans les Pyrénées-Atlantiques, le Gard, l'Ain, la Vienne ou le Finistère.
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