A peine le démantèlement de la "Jungle" terminé à Calais, une évacuation record se profile au coeur de Paris où plusieurs milliers de migrants attendent le démantèlement imminent de leur campement, entre les métros Jaurès et Stalingrad.
Quand l'évacuation aura-t-elle lieu?
"Dans les jours qui viennent", avait indiqué vendredi dernier Bernard Cazeneuve. "La semaine prochaine", avait abondé Manuel Valls. Cela laisse donc en théorie jusqu'à vendredi pour agir, les évacuations n'ayant habituellement pas lieu le week-end.
Mais la logistique est complexe, avec des places à trouver en nombre, compte tenu de la taille du campement.
Combien de migrants à Stalingrad?
"Plusieurs milliers" selon la préfecture de région, qui parlait de près de 2.000 personnes la semaine dernière. "Plus de 3.000" dit-on de sources proches du dossier, sur un campement disséminé autour des stations de métro Jaurès et Stalingrad.
"Il pourrait y avoir 4.000 personnes à évacuer le jour J", estiment plusieurs sources.
En effet un grossissement est prévisible dans la dernière ligne droite, comme cela a été régulièrement le cas ces derniers mois, le bouche-à-oreille contribuant à attirer les candidats à une mise à l'abri.
L'évacuation s'annonce donc record, après les opérations menées au même endroit le 26 juillet (près de 2.500 mises à l'abri) et le 16 septembre (près de 2.100).
D'où viennent-ils?
On compte beaucoup de Soudanais, d'Afghans et d'Erythréens, comme à Calais où la "Jungle" a été démantelée la semaine dernière.
Pour plusieurs associations, il y a eu un report vers Paris, devenu une base arrière pour le passage en Grande-Bretagne. Mais "il n'y a pas à Paris de personnes qui viennent de Calais", a répété mercredi Bernard Cazeneuve, pour qui les occupants de Calais attendaient avant tout d'être mis à l'abri et n'auraient eu aucune raison de s'en aller.
Reste que certains migrants, privés de la destination calaisienne, stagnent peut-être plus longtemps à Paris. "Beaucoup sortent de la clandestinité", estime aussi une source proche du dossier, en notant qu'"un certain nombre arrivent d'Allemagne".
Où iront-ils?
"Nous allons faire la même opération que pour Calais, mais dans des conditions différentes", a assuré François Hollande.
La logistique est bien rodée, près de 30 évacuations ayant déjà eu lieu depuis juin 2015 à Paris avec près de 20.000 offres d'hébergement. La préfecture de région se charge des hommes seuls pour les envoyer en Ile-de-France, la Ville de Paris des personnes vulnérables (enfants, familles...)
Mais le système frôle la saturation: les centres d'hébergement d'urgence et les hôtels sont déjà très sollicités. Lors des dernières évacuations, il a fallu mobiliser des gymnases en banlieue.
Ce devrait être le cas encore cette fois-ci, une partie des migrants étant ensuite orientés vers des CAO (centres d'accueil et d'orientation) en régions où des places restent vacantes après le démantèlement de la "Jungle".
Quid du "camp de réfugiés" parisien?
Pour empêcher la reconstitution de ces campements, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a décidé au printemps d'ouvrir un "centre d'accueil humanitaire" dans la capitale. Doté de 400 lits au départ, il accueillera les migrants quelques jours, avant de les répartir en CAO.
L'évacuation du campement est un préalable à son ouverture, sans quoi des centaines de personnes à la rue risqueraient de se presser à ses portes dès le premier jour. Le centre ouvrira donc "dans la foulée" de l'évacuation, dit-on à la mairie. Avec le risque que les migrants évacués vers des hébergements d'urgence reviennent rapidement vers ce centre modèle.
Et après?
Rien ne garantit que le campement, déjà évacué plusieurs fois ces derniers mois, ne se reconstituera pas. Les arrivées continuent au rythme de 50 par jour à Paris, et les collectifs de bénévoles, qui dénoncent les conditions d'accueil dans les gymnases et certains hôtels sociaux, soulignent aussi des "retours d'évacuation" très rapides.
Les pouvoirs publics espèrent cependant que le calendrier jouera en leur faveur: "les arrivées chutent en hiver", souligne une source proche du dossier, qui veut croire que la crise migratoire ira décroissante.
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