Donald Trump a commencé l'ultime semaine de campagne à labourer des terres résolument démocrates, pour tenter de rallier des électeurs dans son camp républicain et ainsi terrasser sa rivale démocrate Hillary Clinton.
Sondages, histoire, démographie et rhétorique abrasive du républicain ne lui sont pas favorables tandis qu'il cherche à tirer profit du flux de révélations liées à l'utilisation par Mme Clinton d'un serveur privé de messagerie lorsqu'elle était secrétaire d'Etat.
Mais à l'approche du 8 novembre, le milliardaire mène une offensive éclair pour essayer d'empocher un ou deux Etats bleus, la couleur du parti démocrate, une nécessité à sa victoire pour peu qu'il conserve tous les Etats rouges et qu'il remporte la très disputée Floride.
Dimanche, il se trouvait au Colorado et au Nouveau-Mexique, dans l'escarcelle de Barack Obama en 2008 et 2012. Le lendemain, il était dans le Michigan puis mardi en Pennsylvanie, démocrates depuis 1992. Egalement mardi, il s'exprimait dans le Wisconsin, démocrate depuis 1988.
Ses partisans sont confiants.
"Je pense que ça va passer", a dit à l'AFP Carol Robertson, 57 ans, lors d'un meeting du républicain à Eau Claire (Wisconsin, nord). "Les gens ont peur de dire +Je soutiens Trump+" mais dans le secret de l'isoloir, ils vont voter pour lui.
Hillary Clinton y est bien ancrée en tête des sondages depuis plusieurs mois et affichait une avance de 5,7 points dans le dernier agrégat de RealClearPolitics.
L'objectif des deux candidats consiste à atteindre le seuil de 270 grands électeurs. Pour cela, le milliardaire new-yorkais essaie de séduire la "Rust belt", vaste région touchée par la désindustrialisation, et surtout l'Ohio (nord, 18 grands électeurs). Ce "swing-state", qui peut osciller d'un camp à l'autre au gré des scrutins, a voté Obama deux fois mais son électorat est désenchanté par l'effondrement de l'industrie.
- Ravir des terres démocrates -
Mais même si Donald Trump remporte tous les Etats conquis par Mitt Romney en 2012 ainsi que l'Ohio et la Floride, le compte n'y est pas: il arriverait alors à 253 grands électeurs et a donc besoin de ravir des terres démocrates.
"Quand vous regardez la carte électorale, il fait peu de doutes que Trump doive trouver certains Etats bleus à faire basculer", relève Geoffrey Peterson, titulaire d'une chaire de sciences politiques de l'Université du Wisconsin-Eau Claire.
Le Wisconsin (10 grands électeurs) est "une cible logique" du fait de sa vaste base industrielle.
Sa population est également beaucoup plus blanche que la moyenne nationale, ce qui augmente le potentiel du milliardaire dont le creuset regorge d'ouvriers blancs.
Paradoxalement, à l'instar des partisans républicains, les démocrates sont également confiants concernant cet Etat de 5,7 millions d'habitants.
"Trump perd son temps dans le Wisconsin", selon Stephanie Bloomingdale, trésorière locale du syndicat AFL-CIO. Les gens "savent quand ils sont en train de se faire arnaquer par un milliardaire gâté".
Mais tous n'en sont pas aussi sûrs.
"Beaucoup de démocrates ne veulent pas voter cette année parce qu'ils n'aiment aucune des options", pointe Olivia Knutsen, étudiante de 21 ans. "La principale raison à notre crainte que cela puisse aller dans un sens comme dans l'autre" est une participation en berne.
Broghan Reilly, chiropracteur ayant voté en avance pour le libertarien Gary Johnson, note que les villes progressistes du Wisconsin comme Eau Claire, Milwaukee et Madison sont plutôt démocrates. "Mais lorsque vous parcourez deux ou trois kilomètres et que vous arrivez dans les champs de maïs, vous ne voyez que des pancartes Trump".
Sirotant des bières dans un bar d'Eau Claire après avoir manifesté contre le républicain, Jim Nichols est amer: "J'étais nerveux parce que je n'avais rien pour défendre Hillary" face aux partisans de M. Trump.
Fervent soutien de Bernie Sanders aux primaires, cet homme de 64 ans ne veut courir aucun risque face à l'"effrayante" perspective d'une victoire du républicain, donc il va voter Clinton.
Mme Bloomingdale fait confiance à ses concitoyens pour favoriser "les idées de bon sens afin de protéger le bien commun", rappelant que le concept de sécurité sociale est né au Wisconsin.
Tout comme le parti républicain, en 1854. Et l'homme fort du Congrès, Paul Ryan, est un enfant du pays. Malgré leurs profondes divergences, il a voté Trump la semaine dernière.
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