L'opposition vénézuélienne, qui tente depuis des mois de faire chuter Nicolas Maduro, a décidé mardi de suspendre le vote prévu contre le président socialiste, ainsi que la marche annoncée sur la présidence, afin de laisser une chance au fragile dialogue qui vient de débuter.
"Je célèbre, en tant que résultat de l'installation de la table des négociations, les sages décisions prises par l'opposition. Je les salue", a réagi le président socialiste à la télévision, après avoir occupé sa journée comme si de rien n'était, en inaugurant notamment "L'heure de la salsa", sa nouvelle émission radio quotidienne, de deux heures.
"On nous a demandé que l'événement (NDLR: la manifestation, ndlr) programmé jeudi soit suspendu, et nous pensons qu'il est sensé d'accepter", a déclaré Henry Ramos Allup, le président de l'Assemblée nationale, désormais dominée par l'opposition de centre droit, en soulignant que cette demande émanait du Vatican.
Quant à la décision surprise de suspendre le vote contre M. Maduro, ce n'est pas une "capitulation" mais cela vise vise seulement à trouver une solution à la crise qui secoue le pays, a-t-il précisé.
Cette manifestation vers le palais présidentiel de Miraflores avait une portée hautement symbolique : le 11 avril 2002, une manifestation y avait viré au coup d'Etat et le président Chavez en avait été délogé pendant trois jours.
Après avoir échoué à organiser un référendum révocatoire contre le chef de l'Etat socialiste, héritier politique du défunt Hugo Chavez, les antichavistes semblent s'engager dans la voie du dialogue.
Le gouvernement et une partie de l'opposition sont tombés d'accord dans la nuit de dimanche à lundi sur un calendrier de discussions, sous les auspices du Vatican et de l'Union des nations sud-américaines (Unasur).
Les antichavistes, qui ont souligné que la viabilité du dialogue dépendait des "gestes" du gouvernement, ont obtenu des gages lundi soir avec la libération de cinq opposants au président.
- Unanimité -
Les députés de la MUD, la Table de l'unité démocratique, vaste coalition du centre à la droite qui réunit les opposants à Nicolas Maduro, ont choisi mardi à l'unanimité de suspendre la procédure de défiance à l'encontre du chef de l'Etat, dépassant leurs divisions internes sur l'opportunité des négociations.
"Nous espérons que cette suspension ne sera pas éternelle. Nous respectons et acceptons le choix de la majorité de nos camarades", a déclaré Freddy Guevara, un des représentants de l'aile dure de la MUD incarnée par Leopoldo Lopez, la figure de l'antichavisme emprisonnée, qui avait rejeté lui les discussions et misait davantage sur la rue.
Au cours de la séance à l'Assemblée nationale, le patron des députés de la MUD, Julio Borges, a souligné que l'objectif de l'opposition lors des négociations à venir était d'obtenir une élection présidentielle anticipée.
Selon l'agenda du Parlement, les députés devaient débattre mardi de "la rupture de l'ordre constitutionnel", puis se prononcer sur la responsabilité du président. La MUD étant majoritaire, le résultat faisait peu de doute.
Si ces pourparlers annoncé ont donc réussi à faire partiellement retomber la tension, ils ont aussi mis en lumière les divisions de l'opposition.
Les parties sont désormais convenues de se retrouver le 11 novembre. Mais ces négociations restent fragiles, tant la méfiance est grande de part et d'autre.
Nicolas Maduro est engagé dans un bras de fer avec le camp adverse depuis la victoire de l'opposition de centre droit aux législatives de fin 2015, qui a mis fin à 17 ans d'hégémonie du camp de l'ex-président Hugo Chavez (1999-2013) au Parlement.
Les antichavistes reprochent au président Maduro, héritier politique du défunt Hugo Chavez, d'avoir plongé ce pays producteur de pétrole dans une grave crise économique en n'ayant pas su prévoir la chute des cours du brut, ni y réagir à temps.
L'inflation devrait atteindre 475% cette année, selon le FMI, puis 1.660% en 2017.
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