Deux jours après le démantèlement total de la "Jungle", les mineurs encore sur place vont être à leur tour conduits loin de Calais (nord), où devraient être examinées leurs demandes de transfert vers la Grande-Bretagne, une opération délicate qui mise notamment sur leur adhésion à ce projet.
Les premiers cars doivent partir tôt dans la matinée depuis les conteneurs blancs du Centre d'accueil provisoire (CAP), où vivent quelque 1.500 mineurs isolés, regroupés ici dès le début des opérations d'évacuation du plus grand bidonville de France, situé en face des côtes anglaises.
Plus de 70 cars ont été mobilisés pour vider le CAP en quelques jours. Ils rallieront des centres d'accueil et d'orientation (CAO) dédiés aux mineurs.
Restera ensuite à faire partir les 360 à 400 femmes et enfants hébergés dans un ancien centre aéré jouxtant l'ex-"Jungle". Le secteur sera alors totalement désert, alors que s'y entassaient encore mi-octobre 6.400 à 8.100 personnes selon les comptages. D'après les chiffres fournis par le gouvernement, 6.000 personnes ont été depuis "mises à l'abri", soit une majorité dans divers CAO répartis partout en France, et ces 1.500 mineurs du CAP.
Pour les pouvoirs publics, vider rapidement le CAP relève d'un enjeu à la fois symbolique, en parachevant le démantèlement promis de ce vaste bidonville, et pratique, en supprimant un lieu vu comme un point de fixation des migrants, déjà attirés par la proximité de Calais avec les côtes britanniques.
"Il n'y aura pas de réinstallation sur la lande. Elle est évacuée. Elle sera sécurisée. Plus personne ne pourra la rejoindre", a martelé le président français François Hollande mardi dans le quotidien régional La Voix du Nord.
"Plus aucune demande de transfert vers le Royaume-Uni (ne) sera traitée à Calais. Le suivi des dossiers et les départs vers le Royaume-Uni se feront à partir des centres pour mineurs. (...) Tout le monde aura une place réservée" dans un bus, affirme aussi de son côté la préfecture du Pas-de-Calais dans un document diffusé mardi auprès de ces mineurs, et dont l'AFP a obtenu copie.
- 'Situation inextricable' -
Samedi, François Hollande avait déjà assuré que ces derniers seraient "très rapidement acheminés vers d'autres centres", et qu'un accord avait été trouvé avec les Britanniques pour qu'ils les "accompagnent" dans "ces centres et puissent prendre leur part pour ensuite les accueillir au Royaume-Uni".
Des représentants du Home Office (l'Intérieur britannique) dépêchés sur place avaient déjà participé à l'étude des dossiers des mineurs souhaitant rejoindre la Grande-Bretagne lors du démantèlement. Dans le cadre de cette procédure accélérée, environ 300 d'entre eux ont pu concrétiser ce projet.
Ce dispositif devra désormais s'appliquer depuis les CAO. Et si les migrants adultes montés dans les cars étaient volontaires pour partir et demander l'asile en France, les mineurs, eux, rêvent quasi-exclusivement de Grande-Bretagne.
Il va donc falloir les convaincre que quitter les conteneurs et monter dans les cars mercredi ne signifie pas nécessairement renoncer au passage en Angleterre.
Les Britanniques qui les "accompagneront" durant leur trajet, comme l'indique la préfecture dans son texte, instruiront les dossiers dans des délais très courts, et transfèreront les heureux élus dans la foulée, assure-t-on de sources proches de l'opération. L'objectif est aussi de pousser Londres à aller au-delà de ses engagements.
Mais que décideront les "recalés" pour l'Angleterre, promis théoriquement à passer dans le giron de l'aide sociale à l'enfance ?
Les premiers CAO mineurs ont ouvert la semaine dernière, et en Meurthe-et-Moselle et Charente-Maritime "la moitié environ des jeunes se sont déjà évaporés", assure Pierre Henry, directeur général de France terre d'asile.
"Ils veulent retourner à Calais", poursuit-il, en déplorant "une situation inextricable".
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