Dans une semaine exactement, Donald Trump se croit capable d'arracher une victoire surprise à l'élection présidentielle américaine, l'optimisme dopé par des sondages serrés qui ont mis les Américains sur les nerfs.
La candidate démocrate Hillary Clinton, qui faisait office de grande favorite jusqu'à la semaine dernière, reste la prochaine présidente la plus probable: elle conserve 88% de chances de gagner mardi prochain, selon le modèle du New York Times, et 74% selon celui du site FiveThirtyEight.
Mais le rebondissement du week-end, avec la relance par le FBI de l'affaire de ses emails, l'a forcée à changer de script pour la dernière ligne droite, en revenant aux attaques au vitriol contre l'impulsivité ou le sexisme de son adversaire populiste, au lieu d'un message plus enjoué de mobilisation et de rassemblement.
Selon un sondage ABC-Washington Post, Donald Trump recueille 46% des intentions de vote contre 45% pour Hillary Clinton, une quasi-égalité statistique. D'autres gardent l'avantage à la démocrate. La tendance, du reste, est au resserrement.
Le libertarien Gary Johnson pointe à 3% des voix, loin des 5 voire 9% dont il fut crédité à son pic en septembre, peut-être affaibli par un réflexe de vote utile dans l'électorat de droite.
"La règle de conduite pour la classe politique à Washington consiste à se protéger elle-même", a déclaré Donald Trump, dans une surenchère populiste, lors d'un discours près de Philadelphie en compagnie de son colistier, Mike Pence.
"Je suis candidat pour changer et revenir sur des décennies d'échecs, et pour me mettre au service des Américains afin de créer des générations de réussite", a ajouté le milliardaire, dans un discours solennel consacré à la coûteuse réforme du système de santé de Barack Obama, votée en 2010 mais que le républicain a promis d'abroger et de remplacer dès son entrée en fonction.
Il s'est engagé à convoquer une sessions spéciale du Congrès pour abolir "Obamacare", une proposition étonnante, étant donné que le prochain Congrès prendra ses fonctions début janvier, avant le successeur de Barack Obama le 20 janvier 2017.
- Clinton bataille -
Pour l'ancienne secrétaire d'État, la campagne se termine comme elle avait commencé, en avril 2015, dans l'ombre de sa décision malheureuse d'utiliser un serveur privé au lieu d'un compte email gouvernemental et sécurisé pour communiquer de 2009 à 2013, lorsqu'elle dirigeait la diplomatie américaine, au risque de disséminer des informations confidentielles sur des réseaux privés.
L'enquête subséquente du FBI avait été classée sans suite en juillet, mais les détracteurs républicains d'Hillary Clinton n'ont jamais abandonné leurs critiques, et se sont sentis vengés par la relance des investigations par le FBI, annoncée par son directeur James Comey vendredi et créant une tempête politique.
Alors qu'elle affichait un optimisme serein la semaine dernière, savourant des sondages prédisant un raz-de-marée le 8 novembre, Hillary Clinton a dégainé les arguments qui ont fait mouche il y a quelques mois contre la personnalité du milliardaire, qui n'aurait selon elle pas l'envergure pour le Bureau ovale.
"Imaginez-le nous empêtrer dans une guerre parce que quelqu'un l'aurait froissé", a-t-elle lancé lundi dans l'Ohio.
Sa dernière publicité télévisée est un best-of des phrases sexistes prononcées par l'homme d'affaires.
Pour consolider son soutien avant qu'il ne soit trop tard, Hillary Clinton reviendra mardi en Floride, où elle était déjà ce week-end. Barack Obama et Donald Trump iront tous deux jeudi.
C'est l'un des États clés de l'élection, riche de 29 grands électeurs et capable de basculer d'un côté ou de l'autre. Le 8 novembre, les Américains éliront, État par État, des grands électeurs qui désigneront ensuite le président.
Or à ce jour, Donald Trump semble avoir repris l'avantage dans le "Sunshine State", avec quatre points d'avance dans les deux derniers sondages.
Quoi qu'il arrive, les Américains se réveilleront le 9 novembre dans un pays déchiré.
Environ six électeurs d'Hillary Clinton sur dix disent avoir du mal à éprouver du respect pour les partisans de Donald Trump, selon un sondage Pew Research. La proportion est encore plus élevée chez les femmes, et chez les hauts diplômés.
Chez les supporteurs du républicain, beaucoup moins (40%) disent avoir du mal à respecter les partisans de l'autre bord.
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