L'opposition vénézuélienne étalait ses divisions après l'accord sur un dialogue avec le gouvernement, l'aile dure rejetant ces discussions et misant davantage sur la rue pour faire partir le président Nicolas Maduro.
A l'issue de presque un an d'une grave crise politique des représentants des deux camps sont tombés d'accord dimanche soir sur un calendrier de discussions, sous les auspices du Vatican et de l'Union des nations sud-américaines (Unasur).
Il s'agit du premier dialogue politique ouvert au Venezuela depuis la victoire de l'opposition de centre droit aux législatives de fin 2015 qui a mis fin à 17 ans d'hégémonie du camp de l'ex-président Hugo Chavez (1999-2013) au Parlement.
Après la réunion préparatoire de dimanche soir, les parties sont convenues de se retrouver le 11 novembre.
Lundi, c'est le sous-secrétaire d'Etat Thomas Shannon américain qui s'est rendu à Caracas pour exprimer son soutien à ce dialogue. "Il s'est dit encouragé", a affirmé le président Maduro qui s'est réuni avec M. Shannon.
D'ici le 11 novembre, quatre groupes de travail aborderont les thèmes "Paix, respect de l'Etat de droit et de la souveraineté", "Vérité justice, droits humains, dédommagement des victimes et réconciliation", "Economique et social" ainsi qu'"Etablissement de la confiance et calendrier électoral".
Mais cette prise de contact reste fragile, tant la méfiance règne.
"La continuité de ce dialogue va dépendre des gestes concrets du gouvernement. L'ouverture de ce dialogue ne signifie pas, loin de là, que le combat s'arrête", a prévenu, Jesus Torrealba, le principal représentant de la coalition d'opposition (MUD, centre droit).
Parmi les exigences de la MUD, la Table pour l'unité démocratique, figurent la libération des prisonniers politiques, l'organisation d'un référendum en vue de la révocation du chef de l'Etat et des élections anticipées. Lundi soir, les dirigeants de l'opposition ont annoncé la libération de cinq opposants au président Maduro.
En face, M. Maduro dément l'existence de prisonniers politiques et a prévenu qu'il n'entendait pas démissionner.
Certains analystes, à l'instar du politologue Francisco Coello, soulignent que le gouvernement pourrait chercher à jouer la montre et à diviser les antichavistes. "Nous avons un gouvernement qui veut gagner du temps, pour voir s'il arrive à calmer la rue", a-t-il déclaré à des médias.
- 'Le temps est compté' -
Une des principales composantes de l'opposition, Voluntad Popular, le parti de la figure de l'antichavisme emprisonnée Leopoldo Lopez, s'est désolidarisée des pourparlers, de même que 14 autres formations.
"Notre grande crainte est que ce dialogue ne serve qu'à permettre au gouvernement de reprendre sa respiration", a déclaré Freddy Guevara, un des responsables de Voluntad Popular, l'aile dure de l'opposition qui veut intensifier les manifestations.
M. Maduro affiche un taux d'impopularité de 76,4% et 70% des Vénézuéliens sont favorables à la révocation de son mandat, qui court jusqu'en janvier 2019, selon l'institut de sondage Venebarometro.
"Le temps est compté pour instaurer la confiance via le dialogue. Le mécontentement dans la rue est énorme et la crise s'aggrave très vite", juge le politologue Francisco Coello.
Dans le texte de l'accord annoncé lundi on peut lire : "gouvernement et opposition se sont engagés à réduire le ton agressif du débat politique afin de préserver un climat de paix et d'entente".
Mais, sur le fond, l'opposition engagée dans des discussions ne semblait pas désarmer. Elle a maintenu son appel à une "marche pacifique" jeudi vers le palais présidentiel de Miraflores, un lieu hautement symbolique : le 11 avril 2002, une manifestation y avait viré au coup d'Etat et le président Hugo Chavez en avait été délogé pendant trois jours.
Jeudi également, le Parlement devrait valider la procédure déclenchée contre M. Maduro pour "manquements" aux devoirs découlant de sa fonction.
Lundi soir, M. Maduro a cependant affirmé avoir "l'assurance absolue" que cette procédure appartient désormais au "passé".
Par ces initiatives, l'opposition entend riposter au gel par le Conseil national électoral (CNE) du processus destiné à organiser un référendum en vue de révoquer le président.
Le Venezuela vit l'une des pires crises économiques de son histoire, asphyxié par la chute des cours du brut, source de 96% de ses devises. L'inflation, aggravée par les pénuries, y est devenue totalement incontrôlable : elle devrait atteindre 475% cette année, selon le FMI, puis 1.660% en 2017.
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