Une nouvelle opération policière, pour contrôler les migrants et nettoyer les lieux, s'est déroulée lundi matin sur le vaste campement parisien qui doit être évacué cette semaine, dans la foulée du démantèlement de la "Jungle" de Calais.
Ce "contrôle de la situation administrative des migrants" a débuté au petit matin dans le quartier de Jaurès-Stalingrad, dans le nord-est de la capitale où quelque 2.000 personnes - principalement des Érythréens, Soudanais et Afghans - ont trouvé refuge sur les trottoirs.
Lors de ces opérations de contrôle, organisées régulièrement, l'objectif des autorités est de vérifier la situation administrative (c'est-à-dire le droit au séjour) des occupants et l'état sanitaire du campement. Dénoncées par les collectifs de bénévoles, elles sont pratiquées sur ces sites précaires installés en pleine rue, et sont distinctes des évacuations avec "mise à l'abri", menées par les services de l'Etat et la Ville de Paris.
Lundi matin, deux cordons de CRS ont ainsi encerclé une bonne centaine de migrants, une partie sous la station Jaurès du métro aérien, une autre au niveau du canal Saint-Martin, où sont principalement installés des Afghans, a constaté un journaliste de l'AFP.
Quelques militants brandissaient des pancartes "non aux rafles des migrants", tandis qu'un homme essayait de parler avec les policiers, dans un français correct : "Je partais à l'école aujourd'hui, j'avais examen à 10H00, pourquoi moi aussi?"
Devant de nombreux journalistes, une pelleteuse a ramassé matelas, couvertures et cartons, au grand dam des migrants. "S'ils ne nous donnent pas d'abri, pourquoi détruisent-ils nos maisons?", s'interrogeait un Afghan. "Il ne me reste plus rien, je n'ai plus que mes vêtements, mes chaussures et mes documents", lâchait un autre.
Tenus à distances, des migrants, dont certains portaient à bout de bras leurs affaires dans d'énormes baluchons, ont observé la scène avec lassitude, blasés par ces contrôles répétitifs.
À peine le nettoyage achevé, certains migrants se sont rués vers leurs affaires mises à l'abri, pour reconstituer dans la foulée un campement au même endroit.
- Un centre d'accueil à Paris -
Évacué à deux reprises en juillet et septembre, ce campement situé dans un quartier populaire de la capitale s'est reformé et a grossi ces derniers jours, avec quelque 2.000 personnes, selon les autorités, actuellement installées à même le macadam.
Le campement a notamment pris de l'ampleur en raison de flux venant de Calais où la "Jungle" a été démantelée la semaine dernière, selon de nombreuses associations.
"Il y a trois jours, on distribuait 700 à 800 repas. Aujourd'hui, on est à plus de mille", confiait vendredi Charles Drane, un coordinateur de l'ONG Adventist Development and Relief Agency (Adra) qui distribue des repas le midi.
Mais pour les pouvoirs publics, aucun lien entre l'évacuation de la "Jungle" et le campement parisien. "Ce ne sont pas ceux de Calais qui sont allés à Paris", a assuré samedi François Hollande, en promettant une évacuation rapide. Le Premier ministre Manuel Valls a annoncé que la "mise à l'abri" de ces 2.000 migrants aurait lieu cette semaine.
Pour empêcher la reconstitution à répétition de ces campements, la maire de Paris a décidé d'ouvrir un "centre d'accueil humanitaire", doté de 400 lits au départ, pour prendre en charge les migrants pendant quelques jours, avant de les répartir sur des structures d'hébergement plus pérennes en régions : des Centres d'accueil et d'orientation (CAO) similaires à ceux qui ont accueilli les migrants de Calais.
Environ 5.000 migrants de la "Jungle" ont été orientés vers des CAO au cours du démantèlement express mené la semaine dernière par les autorités, qui devaient finir lundi d'y raser les baraquements.
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