Le président vénézuélien Nicolas Maduro et des représentants de l'opposition ont entamé dimanche un dialogue pour tenter de désamorcer la crise politique qui paralyse ce pays pétrolier, après près d'un an de tensions et de blocages institutionnels.
Cette rencontre, avec la médiation du Vatican et de l'Union des nations sud-américaines (Unasur), intervient alors que l'opposition de centre droit cherche par tous les moyens à faire partir le président socialiste, qu'elle juge responsable de l'une des pires crises économiques de l'histoire du pays.
Le dialogue s'est ouvert dans la soirée dans un musée des environs de Caracas.
D'emblée, M. Maduro a dit "tendre la main" à la MUD, la Table pour l'unité démocratique, qui réunit l'opposition, et dont l'un des plus hauts responsables, Jesus Torrealba, est présent. Y assistent également des envoyés du Vatican et de l'Unasur.
"Faisons de notre mieux pour avancer de manière progressive et durable", a encore dit le chef de l'Etat vénézuélien.
Les représentants de la MUD n'ont fait aucune déclaration à l'ouverture des débats. L'opposition est divisée sur l'opportunité d'y participer. Dimanche, certains leaders antichavistes (du nom de l'ex-président défunt Hugo Chavez, 1999-2013) ont encore affirmé que "les conditions n'étaient pas en place pour un dialogue".
La veille, M. Torrealba avait toutefois expliqué que la coalition prendrait part à la rencontre, même si elle le faisait avec "scepticisme et méfiance".
L'annonce de ces pourparlers, les premiers depuis la victoire de l'opposition aux législatives de fin 2015, qui ont mis fin à 17 ans d'hégémonie chaviste au Parlement, est intervenue au cours du sommet ibéro-américain, samedi à Carthagène, en Colombie.
- Menaces d'arrestations -
Ces discussions débutent dans un climat de grande crispation au Venezuela, le président Maduro ayant menacé de faire arrêter les dirigeants de l'opposition si un processus de destitution était engagé contre lui au Parlement, comme c'est prévu cette semaine.
Pour sa part, l'opposition a appelé à une "marche pacifique" jeudi vers le palais présidentiel de Miraflores, un lieu hautement symbolique: le 11 avril 2002, une manifestation y avait viré au coup d'Etat et le président Hugo Chavez en avait été délogé pendant trois jours.
Cette manifestation a pour but de signifier au président le résultat du vote du Parlement, prévu juste avant, sur la procédure lancée à son encontre pour "manquements au devoir de sa charge". La MUD étant majoritaire à l'Assemblée nationale, ce résultat fait peu de doute. M. Maduro y a été convoqué mardi pour le lancement du processus.
Tandis qu'un des porte-parole du chef de l'Etat parlait de "folie" et accusait les antichavistes de vouloir "attiser la violence", le vice-président vénézuélien convoquait les sympathisants du régime au même endroit, au même moment. "On va les attendre", a prévenu Aristobulo Isturiz.
Selon la ministre des Affaires étrangères Delcy Rodriguez, la rencontre de dimanche vise à mettre un terme aux actions "anticonstitutionnelles et antidémocratiques" de l'opposition.
En face, la MUD a pour sa part réitéré dans un communiqué qu'elle demandait au gouvernement de respecter son droit constitutionnel à organiser un référendum visant à révoquer le président.
Un appel à la grève générale de l'opposition pour mettre sous pression le chef de l'Etat avait été partiellement suivi vendredi. Au cours des derniers jours, des affrontements entre la police anti-émeutes et des manifestants pro et anti-gouvernement se sont produits dans le pays.
Avec ces initiatives, l'opposition entend riposter au gel par le Conseil national électoral (CNE) du processus destiné à organiser un référendum en vue de révoquer le président.
Selon un sondage du cabinet Hinterlaces, diffusé dimanche, 83% des Vénézuéliens sont pour le dialogue et 87% favorables à la médiation du pape François.
Le Venezuela vit l'une des pires crises économiques de son histoire, asphyxié par la chute des cours du brut, source de 96% de ses devises. Son inflation, aggravée par les pénuries, est devenue totalement incontrôlable: elle devrait atteindre 475% cette année selon le FMI puis exploser à 1.660% en 2017.
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