Moins d'une semaine après le spectaculaire enlèvement de Jacqueline Veyrac, riche et discrète hôtelière de la Côte d'Azur âgée de 76 ans, six personnes sont mises en cause par la justice pour enlèvement, séquestration et extorsion, a annoncé le procureur de la République de Nice.
Le parquet a requis la mise en examen de ces six suspects pour ces chefs, et demandé leur mise en détention provisoire, qui doit être décidée par le juge des libertés et de la détention, a expliqué lors d'une conférence de presse le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre.
Le ministère public a également demandé la mise en examen pour non empêchement de crime et le placement sous contrôle judiciaire d'une septième personne, un détective privé qui aurait été informé du rapt mais n'aurait pas prévenu la police.
Au total, à la suite de l'enlèvement lundi dernier de la riche hôtelière niçoise Jacqueline Veyrac, neuf personnes avaient été, après sa libération fortuite deux jours plus tard, placées en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire de Nice.
Parmi les six personnes suspectées d'enlèvement, un restaurateur italien, Giuseppe S. apparaît d'ores et déjà comme le commanditaire présumé du rapt. Installé à Nice, il avait géré, entre 2007 et 2009, le restaurant La Réserve, sur le bord de mer de Nice, un établissement appartenant à la famille Veyrac.
En 2009, sa société avait été mise en liquidation et il en aurait, selon les éléments recueillis par les enquêteurs, conçu une rancoeur tenace à l'égard de sa propriétaire: le rapt, au cours duquel une demande de rançon devait être formulée, aurait eu pour but de récupérer ainsi l'argent perdu à l'époque.
Deux autres sont soupçonnés d'avoir pu participer à l'organisation elle-même du rapt: Luc G., dit "Tintin", ancien photographe de presse et paparazzi, aurait ainsi placé une balise sous le véhicule de Mme Veyrac pour la pister. Un Anglais, ancien des forces spéciales britanniques vivant en SDF à Nice, aurait assuré des surveillances.
Les autres mis en cause apparaissent comme des hommes de main qui auraient participé directement à l'enlèvement de Mme Veyrac lundi midi en plein coeur de Nice.
- Précédente tentative en 2013 -
La justice devrait également tenter d'établir un lien avec une précédente tentative de rapt, en 2013 de l'hôtelière, dans des circonstances similaires, que Mme Veyrac avait alors réussi à déjouer.
Enlevée lundi midi alors qu'elle se rendait à son parking, situé derrière son domicile du quartier des Musiciens à Nice, Mme Veyrac avait été retrouvée 48 heures plus tard, ligotée sur le plancher du véhicule utilitaire qui avait servi à son enlèvement.
Un habitant des collines niçoises avait remarqué que l'une des plaques d'immatriculation du véhicule garé près de chez lui s'était légèrement détachée et laissait apparaître une autre plaque. Il avait alors repéré la kidnappée et l'avait libérée avant de donner l'alerte.
Mme Veyrac, après avoir passé 48 heures allongée et attachée avec des cordes dans ce véhicule, n'avait toutefois pas subi de blessures apparentes et avait donné immédiatement des indications précieuses aux enquêteurs sur ses ravisseurs. Selon Me Sophie Jonquet, son avocate, l'hôtelière recouvre aujourd'hui ses esprits dans un lieu tenu secret au milieu des siens.
D'autres pistes avaient initialement été envisagées par la justice, notamment celle d'un litige familial sur la succession paternelle, ou celle d'un conflit lié à une vente supposée du Grand Hôtel de Cannes, fleuron du patrimoine de cette famille niçoise vivant dans la plus grande discrétion.
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