Les sondages se resserrent à neuf jours de l'élection présidentielle américaine, alors que les démocrates sont vent debout contre le directeur du FBI qui a électrisé la campagne en relançant l'affaire des emails d'Hillary Clinton.
L'ancienne Première dame, toujours donnée favorite, est retournée dimanche en Floride, Etat-clé dans la course à la Maison Blanche. Son avance y a fondu dans la moyenne des derniers sondages, désormais à +0,8%, selon Real Clear Politics. Une nouvelle enquête d'opinion dimanche y donnait même son adversaire républicain Donald Trump vainqueur à 46 contre 42% (New York Times Upshot/Siena College).
L'avance de Mme Clinton s'est aussi légèrement tassée au niveau national, désormais à 44,9% des intentions de vote contre 41,1% pour Donald Trump, selon la moyenne des récents sondages.
Dans ce contexte, le camp Clinton a continué dimanche à tirer à boulets rouges sur le directeur du FBI James Comey, qui avait créé la stupeur vendredi en annonçant la relance de facto de l'enquête sur les emails d'Hillary Clinton.
Des milliers d'emails auraient été récemment retrouvés selon la presse américaine sur un ordinateur que partageait l'une de ses plus proches collaboratrices, Huma Abedin, avec son mari Anthony Weiner. Ce dernier, dont Huma Abedin s'est séparée en août, fait l'objet d'une enquête pour avoir envoyé des SMS à caractère sexuel à une adolescente de 15 ans, et c'est dans le cadre d'une enquête sur ces faits que les emails ont été découverts.
- interférence -
M. Comey n'a donné aucun détail dans sa lettre adressée à des responsables du Congrès qui l'ont immédiatement rendue publique. Il y souligne qu'il est trop tôt pour savoir si cette découverte sera ou non significative.
"C'est une action sans précédent qui rompt avec la politique des ministères de la Justice, démocrate et républicain", a dénoncé dimanche le président de la campagne d'Hillary Clinton John Podesta, affirmant que M. Comey était "passé outre le conseil de hauts responsables du ministère de la Justice".
Il a rappelé que ce ministère, auquel est rattaché le FBI, avait comme tradition de "ne pas interférer avec une élection, 11 jours avant l'élection".
"Il aurait pu commencer par regarder (ces emails) avant de faire ça au milieu d'une campagne présidentielle, si près du jour du vote", a insisté M. Podesta sur CNN, jugeant "inappropriée" la conduite de M. Comey.
"M. Comey doit vraiment venir expliquer pourquoi il a pris cette mesure sans précédent, quand il dit lui même (...) que ces (emails) pourraient ne pas être importants".
Le "peu de contenu" de la lettre "a été immédiatement déformé", a aussi ajouté sur NBC le directeur de campagne de Mme Clinton Robby Mook, demandant, à l'instar de l'ex-secrétaire d'Etat, que "toutes les informations soient mises sur la table".
Mme Clinton avait jugé samedi "étrange" et "profondément inquiétant", le comportement de James Comey, nommé par le président Barack Obama en 2013. Le directeur du FBI a longtemps été républicain, mais n'est plus encarté comme tel.
Hillary Clinton "peut appeler son amie et confidente Huma Abedin et lui demander aujourd'hui ce qu'il y a dans ces emails", a pour sa part déclaré la directrice de campagne de Donald Trump Kellyanne Conway sur Fox.
Elle a aussi souligné que si le directeur du FBI n'avait pas révélé ce nouveau développement, il aurait pu tout aussi bien être accusé d'interférence avec l'élection.
- Le camp Trump optimiste -
Le courrier est largement exploité par le camp républicain. Donald Trump a dénoncé samedi le "plus grand scandale politique depuis le Watergate".
Et il s'est voulu résolument optimiste.
"Nous sommes maintenant en tête dans de nombreux sondages, dont beaucoup ont été réalisés avant l'annonce de l'enquête criminelle de vendredi", a-t-il tweeté dimanche.
"Nous allons surprendre tout le monde et gagner l'élection", a aussi affirmé Mme Conway.
Donald Trump avait dimanche un programme chargé avec trois meetings dans trois Etats, le Nevada, le Colorado et le Nouveau-Mexique.
L'affaire des emails d'Hillary Clinton vient du fait qu'elle avait utilisé un serveur privé quand elle était secrétaire d'Etat, et non celui sécurisé de son ministère. Une enquête avait conclu en juillet qu'il n'y avait pas matière à poursuites, mais que Mme Clinton avait fait preuve d'une "extrême négligence".
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