Le président du Yémen Abd Rabbo Mansour Hadi a rejeté un plan de paix proposé par l'ONU pour mettre fin à la guerre, alors qu'au moins 47 personnes ont été tuées samedi par des raids de la coalition arabe qui le soutient face aux rebelles.
Le président a reçu le médiateur de l'ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed à Ryad mais "a refusé de recevoir la proposition de l'ONU", a indiqué samedi à l'AFP une source à la présidence.
Les détails de ce plan de paix n'ont pas été rendus publics mais des sources proches du dossier ont indiqué qu'il prévoyait de nommer un nouveau vice-président après un retrait des rebelles de la capitale Sanaa et d'autres villes et la remise des armes lourdes à une tierce partie.
Le président Hadi transmettrait alors le pouvoir au vice-président qui nommerait un nouveau Premier ministre, chargé de former un gouvernement représentant équitablement le nord et le sud du Yémen. Les rebelles Houthis, originaires du nord, se plaignaient d'être marginalisés par les autorités centrales.
Un communiqué publié par l'agence gouvernementale sabanew.net confirme que le président a refusé de recevoir le plan et cite M. Hadi disant que la proposition "ne fait qu'ouvrir la porte à davantage de souffrance et de guerre et n'est pas un plan de paix".
Les Emirats, qui jouent un rôle clé au sein de la coalition arabe, avaient salué jeudi le plan de paix, le qualifiant de "solution politique".
Le Yémen est déchiré par une guerre civile qui oppose les rebelles Houthis alliés aux partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh aux forces gouvernementales loyales à M. Hadi, soutenues par la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite.
Le conflit, qui a généré une grave crise humanitaire, a fait près de 7.000 morts et déplacé au moins trois millions de Yéménites.
La coalition a fréquemment été accusée de "bavures" pour avoir tué des civils dans ses bombardements.
- Corps ensevelis sous les décombres -
Au moins 30 rebelles et prisonniers ont été tués samedi dans l'ouest du Yémen par des raids aériens de la coalition militaire arabe, selon des sources médicales et militaires.
Deux frappes aériennes ont détruit un bâtiment des forces de sécurité rebelles à Zaidia, au nord du port d'Hodeidah (ouest), et qui comporte une prison où étaient détenus plus de 40 prisonniers, des adversaires des rebelles Houthis et de leurs alliés, a indiqué à l'AFP une source militaire proche des rebelles.
Samedi encore, au moins 17 civils sont morts dans le sud-ouest du Yémen lors de raids aériens de la coalition arabe, selon les rebelles.
Les secouristes ont dégagé des corps ensevelis sous les décombres après le bombardement qui a touché un quartier résidentiel de la ville de Salou.
L'agence de presse des rebelles Houthis sabanews.net a fait état de quatre raids ayant touché trois immeubles résidentiels, "les détruisant complètement".
La coalition arabe n'a pas commenté ces informations, mais un responsable local loyal au gouvernement yéménite a confirmé les frappes, affirmant qu'elles avaient touché par erreur trois maisons, tuant "tous ceux qui s'y trouvaient".
Toujours samedi, des gardes ont déjoué une attaque suicide à la voiture piégée contre la Banque centrale du Yémen, selon un responsable de la sécurité.
La Banque centrale est basée depuis septembre à Aden (sud), deuxième ville du pays, le président Hadi ayant ordonné son transfert en accusant les rebelles Houthis de puiser dans ses réserves en devises.
Ce transfert de Sanaa à Aden, "capitale provisoire" du gouvernement du président Hadi qui vit en exil en Arabie saoudite, a porté un coup aux rebelles, les contraignant à cesser de payer les salaires des fonctionnaires dans les vastes zones qu'ils contrôlent.
Jeudi soir, les rebelles chiites au Yémen avaient tiré un missile de longue portée contre la région de La Mecque en Arabie saoudite.
La France a condamné samedi "cet acte, preuve supplémentaire de l'impasse que constitue la solution militaire".
Dans un communiqué, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a donc invité "les parties à reprendre les négociations pour parvenir à une solution politique" (...) à ce conflit".
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