Hillary Clinton organisait samedi la contre-attaque contre le directeur du FBI après la relance surprise de l'affaire de la messagerie personnelle de l'ancienne chef de la diplomatie, un rebondissement exploité comme un cadeau du ciel par Donald Trump.
Le candidat républicain à la Maison Blanche, qui semblait se diriger vers une défaite dans dix jours, a saisi l'aubaine pour assurer à ses partisans que l'élection n'était pas perdue. Il a redonné un nouveau sens au thème de sa fin de campagne: la "corruption" supposée et les problèmes d'intégrité de sa rivale.
"L'enquête est le plus grand scandale politique depuis le Watergate, et tout le monde espère que justice sera enfin rendue", a affirmé le milliardaire lors d'un meeting à Cedar Rapids, dans l'Iowa, vendredi soir. Il sera en meeting samedi dans le Colorado et l'Arizona.
La candidate démocrate mène dans les sondages, en moyenne, alors que le vote a déjà commencé dans 34 des 50 Etats et que plus de 18 millions d'Américains ont déjà voté de façon anticipée.
Le rebondissement s'est produit en milieu de journée vendredi, et bouleverse la suite de la campagne, que les démocrates entendaient consacrer à une grande opération de mobilisation, après une saison électorale éprouvante.
Le point d'orgue du week-end devait être un grand concert avec Jennifer Lopez à Miami samedi, en présence d'Hillary Clinton.
Le directeur du FBI, James Comey, a informé par courrier des élus du Congrès, contrôlé par les républicains, que de nouveaux messages potentiellement "pertinents" avaient été découverts dans une enquête distincte des investigations closes en juillet dernier sur les messages de l'ancienne chef de la diplomatie. Ces messages doivent désormais être examinés pour déterminer s'ils contiennent des informations confidentielles.
En juillet, James Comey avait conclu à l'absence de volonté délictueuse d'Hillary Clinton lorsqu'elle avait délibérément choisi de communiquer avec une messagerie personnelle, de 2009 à 2013, au lieu d'un compte gouvernemental sécurisé. Il avait recommandé de ne pas la poursuivre, ce que les procureurs fédéraux avaient accepté.
- Clinton critique le FBI -
Les milliers de nouveaux messages, dont le contenu reste un mystère entier, ont été découverts sur un ordinateur portable d'Huma Abedin et de son mari Anthony Weiner. Cette proche d'Hillary Clinton et membre de son cabinet au département d'Etat s'est récemment séparée de son mari, qui fait l'objet d'une enquête distincte pour l'envoi de messages à caractère sexuel à une mineure.
Les démocrates ont dénoncé l'initiative de James Comey, à un moment si proche de l'élection, et l'ont appelé à en dire plus afin de mettre un terme aux rumeurs.
"En fournissant de façon sélective des informations, il a ouvert la voie à des distorsions et exagérations partisanes pour infliger le plus de dommages politiques", a accusé samedi John Podesta, président de l'équipe de campagne Clinton, sur un ton très dur contre M. Comey.
Citant des informations de presse, il a affirmé qu'il était très possible que les messages trouvés soient seulement des copies de ce dont le FBI était déjà en possession.
Cela changera-t-il le dénouement de la course?
Pour Hillary Clinton, qui s'exprimait vendredi lors d'une conférence de presse, "les gens ont depuis longtemps formé leur opinion sur les emails". "Ils ont pris cela en compte pour décider pour qui ils allaient voter".
L'ampleur du travail pour étudier des milliers de messages rend peu probable que le FBI parvienne à de nouvelles conclusions d'ici au 8 novembre.
Mais les républicains inscrivaient ce nouvel épisode du feuilleton des emails dans l'histoire plus large du couple Clinton, accusé de mensonges répétés.
"On les a vus faire pendant 30 ans. Le zèbre ne va pas changer ses rayures. Voilà à quoi ressemblerait une présidence Clinton", a déclaré le porte-parole et stratège du parti républicain, Sean Spicer, sur CNN samedi.
Le patron du FBI était également critiqué en interne, le New Yorker et d'autres médias ayant rapporté que des responsables du département de la Justice, dont dépend le FBI, avaient prévenu M. Comey de ne pas rompre avec une règle consistant à ne pas évoquer publiquement des affaires à l'approche d'élections, afin de ne pas créer d'interférences.
La crainte des démocrates est que le bruit autour de cette affaire ne démobilise les supporteurs d'Hillary Clinton.
Avant vendredi, certaines enquêtes d'opinion montraient un resserrement de la course. Hillary Clinton recueillait ainsi 47% des intentions de vote contre 45% pour Donald Trump, selon une étude ABC/Washington Post publiée samedi, alors que la candidate avait une avance de 12 points dans le même sondage réalisé il y a une semaine.
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