François Hollande a reconnu samedi la responsabilité de la France dans l'internement de milliers de Tsiganes par le régime de Vichy et jusqu'en 1946, lors de la première visite présidentielle sur le site de cet ancien camp d'internement de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire).
"Le jour est venu et il fallait que cette vérité fût dite", a dit le président français. "La République reconnaît la souffrance des nomades qui ont été internés et admet que sa responsabilité est grande dans ce drame", a-t-il poursuivi lors d'une cérémonie d'hommage, où étaient présents plusieurs survivants.
Soixante-dix ans après la libération des derniers Tsiganes internés en France, leurs descendants et les associations attendaient avec émotion une reconnaissance officielle de leurs souffrances.
François Hollande est aussi revenu sur la discussion en cours au Parlement du projet de loi Egalité et citoyenneté, émettant l'espoir que la législation d'exception sur les gens du voyage, dénoncée par les associations, soit bientôt abolie.
Le député socialiste de Loire-Atlantique et président de la commission nationale consultative des gens du voyage Dominique Raimbourg, a-t-il rappelé, "a proposé l'abrogation de la loi de 1969, dans le cadre du projet de loi Egalité et Citoyenneté. Il en sera, je l'espère, décidé par le Parlement, pour que les gens du voyage n'aient plus ce livret de circulation à produire, pour qu'ils soient des citoyens comme les autres."
Dès 1912, dans le but de les sédentariser, les autorités françaises avaient imposé aux "nomades" un carnet anthropométrique d'identité. Supprimé en 1969, il a été remplacé par des carnets et livrets de circulation que doivent détenir les "gens du voyage" sous peine d'amende, et une obligation de rattachement à une commune.
Outre le chef de l'Etat, assistaient à la cérémonie d'hommage Emmanuelle Cosse, ministre du Logement et de l'Habitat durable, et Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat aux Anciens combattants et à la Mémoire. Plus de 500 invités participaient à la cérémonie, dont de nombreux descendants d'internés.
Montreuil-Bellay était le plus grand des 31 camps gérés par les autorités françaises jusqu'en 1946, dans lesquels furent internés entre 6.000 et 6.500 nomades.
Plus de 2.000 nomades, des Tsiganes mais aussi des sans domicile fixe de Nantes, y furent internés de novembre 1941 à janvier 1945. Une centaine périrent.
L'Etat avait franchi un premier pas vers la reconnaissance de la participation de la France dans cet internement familial en juillet 2010, par la voix de l'ancien secrétaire aux Anciens combattants Hubert Falco, en l'évoquant lors d'une "Journée nationale de la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État français".
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