Effet des annonces du gouvernement ou du pont de la Toussaint ? Le mouvement inédit de grogne des policiers semblait en suspens vendredi après une dizaine de jours de manifestations de défiance à l'égard des puissants syndicats, de la hiérarchie, et de l'exécutif.
Quelques rassemblements, sans banderoles ni chefs de file, ont eu lieu jeudi soir à Metz, Montpellier, Saint-Etienne ou Rouen, selon des sources policières.
Quelques autres étaient annoncés pour vendredi via les réseaux sociaux, notamment devant le château de Versailles. Rien de comparable toutefois, selon ces sources policières, avec les manifestations dans des dizaines de villes de France, qui se sont succédé depuis le 17 octobre et que personne n'avait vu venir.
Ce soir-là, des centaines de policiers défilent, de manière quasi inédite, sur les Champs-Elysées en soutien à leurs collègues blessés le 8 octobre dans une attaque aux cocktails Molotov, dans un quartier réputé sensible de Viry-Châtillon (Essonne).
Partis de ce département, les policiers se rendent dans un premier temps devant l'hôpital Saint-Louis à Paris, où un adjoint de sécurité de 28 ans, grièvement brûlé est hospitalisé.
Le mouvement, spontané, fait vite tache d'huile, d'autant que l'Inspection générale de la police nationale (IGPN, la redoutée "police des polices") est saisie par les autorités, laissant augurer des représailles, car les policiers sont astreints au devoir de réserve.
Par SMS ou Twitter, les policiers se donnent le mot et les manifestations se succèdent en région parisienne et en province, rassemblant à chaque fois des centaines de policiers. L'opposition s'en saisit, à quelques mois de la présidentielle, et tire à boulets rouges sur le gouvernement.
Le Premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis voit dans ces mouvements la "patte" du Front national, qu'il qualifie d'"hors la loi". "
- "Effort supplémentaire" -
Le directeur général de la police nationale Jean-Marc Falcone est hué par des manifestants, après avoir discuté avec des policiers de l'Essonne et appelé à "l'apaisement".
Laxisme supposé de la justice pour les agresseurs de policiers notamment, légitime défense mal adaptée, matériels obsolètes, violence récurrente à leur égard, gardes statiques inutiles : les manifestants expriment un profond malaise. Et s'en prennent à leur hiérarchie "carriériste", qui "demande une politique du chiffre".
Les efforts demandés aux policiers dans le maintien de l'ordre face aux manifestations contre la loi travail avant l'été, la lutte contre le terrorisme ou l'Euro-2016 de football ont laissé des traces : ils se disent, haut et fort, fatigués.
Les syndicats de police, corporatistes et influents chez des fonctionnaires très fortement syndiqués, sont - de manière également inédite - vilipendés par les protestataires, au même titre que le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, et les hommes politiques dans leur ensemble.
Un appel d'une intersyndicale à des rassemblements devant les palais de justice fait un flop, une "marche de la colère citoyenne" menée par un syndicat rassemble quelques milliers de personnes dans près de 80 villes de France.
Le mercredi 26, les organisations représentatives sont reçues à l'Elysée par François Hollande. Le gouvernement annonce alors le déblocage d'une enveloppe de 250 millions d'euros et des mesures répondant à la plupart des revendications des policiers, en espérant calmer le mouvement.
Cet "effort supplémentaire", venant après les moyens sans précédent débloqués pour la lutte antiterroriste, sera fait "dans le dialogue et l'exacte conscience de l'urgence", affirme Bernard Cazeneuve à l'issue de la réunion.
Ce "plan, qui se donne les moyens de ses ambitions", selon lui, comprend notamment la livraison de nouveaux matériels, dont 21.700 gilets pare-balles capables d'arrêter les balles de Kalachnikov, 8.000 casques, 4.700 boucliers balistiques, 3.080 nouveaux véhicules dès 2017, ou la réfection des commissariats et casernes de gendarmerie.
L'Intérieur et la Justice feront également d'ici la fin novembre des propositions au Parlement, sur "les conditions d'évolution de la légitime défense", dont les policiers réclament l'assouplissement des règles.
Des annonces "importantes" ont salué les syndicats, globalement "satisfaits". Sans porte-voix, les policiers en colère n'ont pas réagi.
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