Des groupes rebelles ont lancé une offensive majeure pour briser le siège imposé sur Alep par le régime syrien, dont l'allié russe a pour le moment écarté une reprise des frappes aériennes sur la ville.
Les combats, tirs d'artillerie et explosions de voitures piégées qui ont secoué la deuxième ville de Syrie ont fait au moins 18 morts parmi les forces du régime de Bachar al-Assad et les combattants engagés à ses côtés, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), sans pouvoir fournir dans l'immédiat un bilan similaire pour les rebelles.
L'ancienne capitale économique de la Syrie est un enjeu majeur pour le régime comme pour les insurgés, qui s'affrontent depuis 2011 dans une guerre qui a fait plus de 300.000 morts.
Contrôler Alep --divisée entre des quartiers est tenus par les rebelles et des secteurs ouest aux mains du régime-- est en effet déterminant pour s'assurer le pouvoir dans le nord du pays.
L'offensive rebelle est partie de l'extérieur de la ville, côté ouest, avec l'appui de 1.500 combattants venus des provinces d'Alep et d'Idleb (nord-ouest) qui attaquent les quartiers gouvernementaux sur un front de 15 km, selon l'OSDH.
"Toutes les factions de Jaich al-Fatah (une coalition de mouvements jihadistes et islamistes) annoncent le début de la bataille pour briser le siège d'Alep", avait indiqué à l'AFP le commandant militaire et porte-parole du groupe islamiste rebelle Ahrar al-Cham, Abou Youssef al-Mouhajir.
La bataille "va mettre fin à l'occupation des quartiers ouest par le régime et au siège imposé à notre peuple dans Alep", a-t-il ajouté.
Les groupes rebelles se sont emparés "de la majorité" du vaste quartier de Dahiyet al-Assad, au sud-ouest d'Alep, à l'exception d'un secteur proche d'une académie militaire, selon l'OSDH.
Les affrontements se sont poursuivis tard vendredi à l'ouest et au sud-ouest d'Alep, mais avaient baissé en intensité, selon un correspondant de l'AFP dans les quartiers rebelles.
- 'Pas opportun' -
En réaction, l'armée russe a annoncé avoir demandé à Vladimir Poutine de reprendre les raids aériens sur Alep, mais le président russe a estimé que ce n'était "pas opportun", jugeant plutôt "nécessaire de prolonger la pause humanitaire" à Alep.
Le régime syrien avait lancé le 22 septembre une offensive majeure pour s'emparer de la totalité d'Alep mais ses succès avaient été limités, malgré l'appui de l'aviation russe et des bombardements meurtriers.
Moscou avait ensuite annoncé l'interruption de ces frappes à partir du 18 octobre, alors que les Occidentaux dénonçaient "des crimes de guerre".
Dans le cadre de leur offensive, les rebelles ont tiré des "centaines de roquettes" sur les quartiers ouest de la ville, tuant vendredi 15 civils et en blessant plus d'une centaine d'autres, selon l'OSDH.
L'OSDH a aussi fait état de nombreux tirs de roquettes sur l'aéroport militaire de Nayrab et l'aéroport international d'Alep, à l'est de la ville mais contrôlés par le gouvernement.
"Le siège sera brisé. Nous allons protéger les civils, les écoles et les hôpitaux des attaques russes et on va apporter à notre peuple de la nourriture et des médicaments", a indiqué à l'AFP Yasser Al-Youssef, un responsable du groupe rebelle Noureddine al-Zinki.
- 'Une arme de guerre'-
Les Etats-Unis ont accusé vendredi le régime syrien d'utiliser "la famine comme une arme de guerre", ce qui est un crime de guerre selon les conventions de Genève.
Les quartiers est d'Alep, où vivent au moins 250.000 habitants, sont en état de siège depuis le 17 juillet, à l'exception d'une brève période en août.
Selon le correspondant de l'AFP dans la partie rebelle d'Alep, les habitants ont brûlé des pneus pour provoquer une fumée noire censée les protéger de possibles frappes aériennes mais beaucoup se sont éteints à cause d'une forte pluie qui entrave aussi les opérations de l'aviation syrienne.
Dans Alep-Est, des "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand) s'échappaient vendredi de minarets et les habitants se montraient optimistes.
L'agence officielle syrienne Sana, citant une source militaire, a indiqué que l'aviation syrienne avait mené des frappes sur les positions de Jaich al-Fatah dans les banlieues ouest et sud d'Alep, rapportant la mort "de plusieurs terroristes et la destruction de leur armement".
Réagissant à des tirs de roquettes rebelles sur une école d'Alep-Ouest, qui ont tué jeudi trois enfants, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a dénoncé une attaque qui "peut être considérée comme un crime de guerre si elle est délibérée".
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