La grève générale lancée par l'opposition pour mettre sous pression le président socialiste était partiellement suivie vendredi, à la satisfaction de Nicolas Maduro qui a menacé de mettre en prison ses opposants.
A Caracas, Maracaibo - deuxième ville du pays-, San Cristobal et d'autres capitales des Etats, on enregistrait moins de mouvement qu'à l'accoutumé, mais les transports, certains commerces, les banques et les écoles fonctionnaient normalement.
"La situation est trop difficile pour ne pas travailler", a déclaré à l'AFP Alicia de Garcés, 74 ans, dont le magasin de jouets n'embauchera pas cette année de vendeur supplémentaire à Noël. "Les gens n'achètent pas de jouets, tout part dans la nourriture", a-t-elle ajouté.
La grève a débuté à 06H00 locales (10H00 GMT) et devait prendre fin à 18H00 (22H00 GMT).
L'opposition de centre droit, réunie au sein de la coalition de la Table pour l'unité démocratique (MUD), avait appelé les travailleurs à abandonner "les rues et les postes de travail".
En face, pour tenter de neutraliser la grogne, le chef de l'Etat a augmenté jeudi de 40% le salaire minimum, à environ 140 dollars par mois.
Importante en apparence, cette hausse reste infime par rapport à l'inflation galopante du pays. Stimulée par les pénuries, elle est devenue incontrôlable : prévue à 475% cette année, selon le FMI, elle devrait exploser à 1.660% en 2017.
Le Venezuela vit l'une des pires crises économiques de son histoire, asphyxié par la chute des cours du brut, source de 96% de ses devises.
M. Maduro avait aussi menacé de faire occuper les entreprises participant à la grève par les militaires.
L'armée, très puissante dans le pays, a récemment apporté son soutien au président. Quelque 700 entreprises devaient être inspectées, avait annoncé le chef de l'Etat.
Certains défiaient malgré tout la menace : "fermé faute de personnel", indiquait la devanture d'une quincaillerie à l'est de Caracas.
- 'On dirait un samedi' -
"On dirait un samedi, ça ne fonctionne pas à plein régime, mais ce n'est pas totalement paralysé non plus", a déclaré à l'AFP le vice-président du syndicat patronal Fedecamaras, Carlos Larrazabal.
"Une fois de plus, c'est un échec pour la droite vénézuélienne", s'est réjoui dans une boulangerie le ministre de l'Alimentation, Rodolfo Marco Torres.
Par ailleurs, le président a menacé d'arrêter les leaders de l'opposition si un processus de destitution était lancé contre lui au Parlement, comme c'est prévu la semaine prochaine.
Le mouvement social de vendredi fait partie de la stratégie de l'opposition pour riposter au gel par le Conseil national électoral (CNE) du processus de référendum en vue de révoquer le président.
Ragaillardis par la large mobilisation de mercredi, les antichavistes (du nom de l'ex-président défunt Hugo Chavez, 1999-2013) veulent placer Nicolas Maduro au pied du mur.
Une "marche pacifique" doit s'élancer jeudi prochain vers le palais présidentiel de Miraflores, une destination très symbolique : le 11 avril 2002, une manifestation s'y rendant avait viré au coup d'Etat et délogé le président Hugo Chavez durant trois jours.
Les opposants tenteront de signifier au président le résultat du vote du Parlement, prévu juste avant, sur la procédure lancée à son encontre pour "manquements au devoir de sa charge", lorsque le chef de l'Etat ne remplit plus ses fonctions. La MUD étant majoritaire à l'Assemblée nationale, ce résultat fait peu de doute.
L'opposition exige le départ de Nicolas Maduro, élu en 2013 et dont le mandat expire en 2019, le jugeant notamment responsable de la crise économique.
Toutefois, la portée de la procédure au Parlement contre le président n'est pas claire, le Tribunal suprême de justice (TSJ) ayant bloqué tous les projets de loi de l'Assemblée nationale depuis qu'elle a basculé dans l'opposition en janvier, mettant fin à 17 ans d'hégémonie chaviste.
En outre, M. Maduro ne reconnaît plus le Parlement. Le TSJ a déclaré également l'Assemblée nationale en infraction, car elle compte dans ses rangs trois députés soupçonnés de fraude.
Si le procès en destitution n'existe pas en tant que tel dans la Constitution vénézuélienne, la procédure pour "manquements au devoir de sa charge" y figure bien, soulignent les juristes.
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